Touriste

Julien Blanc-Gras

Au Diable Vauvert

  • Conseillé par (Librairie Athenaeum)
    27 mars 2012

    Dépaysant ...

    Depuis son plus jeune âge, le narrateur de ce récit voue une passion sans borne à la géographie, aux cartes, aux atlas.
    Enfant, il fait l'apprentissage de la lecture en déchiffrant les noms de pays lointains aux sonorités aussi mystérieuses que barbares : ils produisent chez lui un puissant désir de mettre les voiles...

    Partant de l'idée, audacieuse et «mathématico-géographique», que l'être humain vit en moyenne 30000 jours et « qu'il existe environ 200 Etats souverains », le voyageur peut donc passer 150 jours dans chaque pays, « 5 mois ici , 5 mois là, jusqu'à ce que mort s'ensuive ».

    Notre globe-trotter se met donc en route…Mais pas question pour lui de jouer les explorateurs, les conquérants ou autres découvreurs de nouveaux mondes : Touriste.
    Cela dit, je pense que "baroudeur", "voyageur" ou "aventurier" eût été plus approprié car il n'a rien du cliché du "touriste" en définitive. Sa démarche est le Regard.

    Il nous entraîne d'un bout à l'autre de la planète sur un ton familier et amusé : en 2 mots, rencontres et réflexion.
    Entre "roman" aux aux forts accents autobiographiques, récit de voyage et journal de bord : observations, émerveillement et aberrations ...
    Vous allez voir du pays !

    Alors si vous ne partez pas en vacances cette année, c'est le livre qu'il vous faut !
    Et si vous partez en vacances cette année, c'est le livre qu'il vous faut !


  • Conseillé par
    25 mai 2011

    Pour ici, ou ailleurs, embarquement immédiat !

    Sept milliards d'humains et moi et moi et moi.....c'est une constatation pour débuter ce livre. Voyage, c'est un mot magique, plein de découvertes et de promesses d'émerveillement. Touriste, cela sous entend, comme sa caricature décrite par l'auteur : l'allemendenshort ! Entrons dans les détails,  reconnaissons qu'il n'est pas forcément germanique mais toujours nordique.....même parfois du nord de la France.

    Le ventre des buveurs de bière est le premier signe distinctif, le short et les chaussettes dans des sandales, un bob ridicule vantant souvent une boisson anisée permet de différencier les natifs de l'hexagone des autres...Autres caractéristiques : grandes gueules et toujours en pays conquis.
    La version un peu plus édulcorée, sévissant dans les provinces françaises, mais toute aussi méprisante est « Le Parisien » !
    Je vous rassure, Julien Blanc-Gras n'est pas un touriste, il est à mon avis un globe-trotter moderne qui nous parle de ses voyages avec beaucoup d'humour, et aussi de dérision ! A première vue tout pour me plaire.
    Alors en route....
    Commencer ce récit par la ville de Hull, sorte de trou du cul du nord de l'Angleterre donne le ton ! Personne n'est un touriste dans ce port de pêche où l'exotisme est proche du zéro absolu. Et l’image de l'érotisme ambiant est Eléanor, c'est dire ! Ensuite la Colombie, pays de toutes les violences, Bogota, Cali, Carthgène et Medellin ; dans cette dernière qui est le personnage le plus connu de la ville, Escobar ou Botero ? Le premier qui a permis d'inventer le concept du crime comme valeur ajoutée au tourisme !
    À Rishikesh en Inde, les figures les plus célèbres parmi les hôtes de marque sont les Beatles....le temps a passé , le lieu où ils ont résidé et composé leur fameux album « Double blanc » est à l'abandon ! Et Katmandou, le rêve hippie terminé, n'est plus qu'une ville laide et passée de mode.
    Le désert marocain et l'envie de silence malheureusement troublé par une bande de vacanciers bretons braillant à tue-tête 'Le loup le renard et la belette » Et, en plus ils ne sont même pas capable de choisir une chanson représentative, « La blanche hermine » par exemple ! Enfin, chacun porte sa croix. Le mythe de Tahiti revue à la baisse...île paradisiaque de pacotilles et de prospectus, le Brésil et ses favelas, une visite dans l'une d'elles, style venez voir nos pauvres ! La Chine d'avant les J.O., Pékin vaste chantier où un canadien ne retrouve plus son ancienne adresse pour cause probable de destruction par bulldozer et où tout se monnaie, sauf pour un fonctionnaire. On n'arrête pas l’économie de marché, mais parfois l’exception confirme la règle. Par contre, le Tibet est interdit de visite. Alors, une visite au « Parc des minorités ethniques » est une bien faible consolation. Un peu de sexe guatémaltèque, un voyage un peu chaotique avec une escale chez nos voisins suisses, nous prouvent que la ligne droite n'est pas toujours le chemin le plus court d'un pont à un autre ! Jérusalem, l’éternelle éternellement divisée ? , L'ultra religiosité et ses mystères que la raisons ignore ! Surprenant raccourci en Jordanie, un McDonald et des femmes en burqua qui font du pédalo !
    Madagascar et sa misère qui semble endémique, interlude à Paris et clap de fin au Mozambique.
    A noter et c'est bien évidemment « politiquement incorrect » une liste des pays ridiculement petits ! Tous européens, cherchez un peu, mais il n'y a rien à gagner pour les bonnes réponses! Surtout pas un compte bancaire dans un paradis fiscal ! L'auteur nous fait part des réactions possibles et probables d'un Occidental face à , la misère des gens des pays qu'il visite. Toutes les étapes possible entre l'indifférence et le que voulez-vous que j'y fasse !
    Des personnages, bien évidemment, il y en a beaucoup ! Alors "voyons voir les Personnages » , ceux qui retiennent l'attention : Eleanor 1 m 90 dont l'auteur dit « L'expression, physique ingrat , semblait avoir été inventée pour elle »! Anglaise et moche, la double peine en quelle sorte.. Même bien habillée, les hommes la fuit... même les anglais font les difficiles !!!! John le professeur de danse péri-oxygéné à Cali, personnage respecté car respectable, Ralf, intermittent du voyage qui rentre au pays travailler pour mieux repartir. Little Boudha, réincarnation ou piège à gogos ? Un business-man qui a un coup de blues, trop de repas d'affaires et de chambres d'hôtel de luxe...c'est dur la vie ! Sharon (pas de rêve !), une autre version plus moche et plus grosse mais qui le vit bien ! Un spécialiste des mollusques que l'on passerait volontiers au court bouillon, scientifique prétentieux et tête à claque. Des marins ivres bien sûr mais héros malgré eux, cela s'arrose.
    Le voyageur est-il comme le vagabond américain de Jack Kerouac en voix de disparition, ou alors est-ce la terre qui s'uniformise et quitter chez soi n'aura plus aucun intérêt ?
    Les futurs lecteurs auront compris, ce livre est absolument le contraire d'un guide touristique. Ce qui est décrit ici, sont les gens qui habitent une ville et un pays, avec ses excès trop grande richesse d'un côté et misère sordide de l'autre ! La vie malgré tout, ses rires et ses larmes, ses moments de bonheur et de doute. Un beau paysage empreint d'une grande douceur, mais un cadavre au bord de la route qui n'a visiblement pas eu une mort paisible.
    J'aime bien le concept suivant :
    - Il faut se souler, puis se perdre quand on débarque dans une ville la première fois.
    Je savais que les voyages déformaient les valises mais j'apprends que cela fatigue le foie !
    Ainsi va le monde....Car la morale de tout cela est contenue dans cette simple phrase :
    - Le touriste finit toujours par renter chez lui.


  • 13 mai 2011

    Un carnet de voyages original, écrit par un passionné qui a trouvé un sens à sa vie : se rendre dans tous les pays du monde ! Julien Blanc-Gras entame sa carrière de "Touriste" en Grande-Bretagne, grâce à un précieux sésame, son passeport. Libre de circuler partout dans le monde, il n'est pas un touriste comme les autres.

    Ses destinations ne sont d'ailleurs pas toujours les plus "touristiques" qui soient. Il part à l'aventure, côtoie autochtones et autres touristes, travaille dans certains pays visités pour gagner de l'argent qui lui permettra de poursuivre ses voyages... Ce globe-trotteur guide le lecteur à travers l’inépuisable diversité des mondes, entre pays grandioses et états ridicules (Liechtenstein, le Vatican, le Luxembourg, la Principauté de Monaco).

    Sa table d'orientation : la Colombie et sa guérilla, l'Inde et sa pauvreté, le Népal... pour savoir si Dieu existe, la Tunisie et un club bourré d'"Allemandenshorts", le Maroc et son désert, la Polynésie, tout au bout du monde, le Brésil et ses favelas, la Chine et son concept de karaoké, le Guatemala... "où l'on trouve enfin une scène de sexe", le Proche-Orient et le fameux conflit israélo-palestinien, Madagascar "où l'on regarde les hommes sombrer" et enfin le Mozambique, "où l'on se fond dans le paysage".

    Au fil des pages, les situations et anecdotes sont tour à tour croustillantes, étonnantes, originales, drôles, tristes... Un excellent moment de lecture.