L'Homme qui tue les gens

Stan Jones

Le Livre de poche

  • Conseillé par
    9 juillet 2016

    Fruit des nuits trop arrosées d'une trop jeune inupiat, Nathan Native a grandi à Anchorage dans une famille d'adoption blanche. Le hasard d'une mutation l'a fait revenir à Chukchi, le village qui l'a vu naître. Là, dans ce coin perdu d'Alaska, il retrouve ses racines, sa mère assagie et mariée et une communauté dont il ne se sent pas membre à part entière. Il faut dire que les villageois ont tendance à traiter le jeune policier de ''nalauqmiiyaaq'', un presque blanc qui ne parle pas leur langue et ne connaît pas leurs coutumes. Occupé seulement par les violences conjugales et les bagarre d'ivrognes, Nathan ne pense qu'à retourner à Anchorage jusqu'au jour où il doit constater deux suicides dans la même semaine. A priori, rien de bien neuf dans cette communauté qui subit la misère, le chômage, un fort taux d'alcoolisme et aussi de suicides. Mais Nathan est septique. Les morts ne semblaient pas malheureux et gagnaient bien leur vie à la Grey Wolf, la mine de cuivre récemment ouverte au village. Ont-ils été victime de l'innukaknaaluk, l'homme qui tue les gens ? Nathan ne voit rien de surnaturel dans ce qu'il croit être des assassinats déguisés. Opiniâtre, il commence son enquête même si, en haut lieu, on lui demande de classer l'affaire.

    La mode est au polar ethnique et porté par cette vague, Stan Jones nous emmène au Nord-Ouest de l'Alaska, dans la communauté inupiat. Là-bas comme ailleurs, les indigènes sont voués à la lente érosion de leur culture. Entre traditions et américanisation, les esquimaux sont victimes de la sédentarisation, du chômage et de l'introduction de l'alcool dans leur mœurs. L'exploitation des ressources de la région, ici une mine de cuivre, est une bénédiction pour ces populations trop souvent désoeuvrées mais le cadeau est empoisonné par la recherche du profit à tout prix des multinationales et leur peu de considération pour la préservation de la nature environnante.
    Avec son flic partagé entre son désir de fuir et son envie de connaître mieux sa culture, Stan Jones a crée un héros récurrent qu'on a hâte de retrouver dans de nouvelles enquêtes, peut-être un peu plus consistantes. Car dans celle-ci les coupables se mettent à table un peu trop facilement pour maintenir un véritable suspens. Mais l'Alaska et Nathan Native sont suffisamment séduisants pour faire oublier cette petite faiblesse. Une très belle découverte.