La justice
EAN13
9782200259334
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Langue
français

La justice

Armand Colin

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De la justice, nous avons des représentations empruntées au registre de la
répartition, de la distribution : égalité des parts, égalité des rapports ou
proportion. Mais s'il existe bien une sorte de congruence entre les idées de
justice, de réciprocité, de symétrie, d'équilibre - en témoignent les
innombrables allégories assorties du schème de la pesée, à lui seul, le
principe d'égalité, arithmétique ou proportionnelle, ne constitue qu'un
principe régulateur. Ce schème, doublé de l'image du glaive qui s'abat sur
quiconque vient compromettre la paix que fait régner la loi, n'épuise pas
l'étendue sémantique de la notion. Au-delà de sa signification légale, la
justice, dans l'éclosion de la conscience morale, se présente comme une vertu
individuelle. Ainsi parle-t-on d'un homme juste, et même d'un «  juste  ».
Quelle est, dès lors, la raison pour laquelle la modernité, réduisant la
justice à sa fonction distributive, rétributive et judiciaire, n'impute
globalement l'injustice qu'à la société ? Et ce alors que les traditions
grecque et judéo-chrétienne dont elle est l'amnésique héritière avaient
développé une anthropologie repérant l'iniquité au coeur même de la nature
humaine, du fait de son inachèvement constitutif et d'un redoutable privilège,
la liberté ? Cette double tradition proposait, comme finalité de l'existence,
l'effort vers le meilleur et le sentiment de dignité morale et spirituelle qui
pouvait l'accompagner. La civilisation européenne s'est construite sur le
primat accordé au Dieu juste et à l'homme droit.La conception moderne en est
venue à privilégier la seule distribution équitable des biens consommables,
objectif en lui-même des plus légitimes, mais en réalité bien partiel. La
catégorie de quantité tend à se substituer à la dimension qualitative
qu'impliquait la justice des juste. Pourquoi l'ordre économique a-t-il écrasé
tous les autres ? Tout en permettant de mieux comprendre ce cheminement, cet
ouvrage, bien informé des débats contemporains sur le sujet, contribuera à
restaurer une approche pleinement philosophique de la justice, renouant dans
les conditions de notre époque avec l'idéal d'épanouissement humain qui a dès
l'origine sous-tendu cette approche.France FARAGO, agrégée de philosophie,
professeur en classes préparatoires aux ENS, a notamment publié, chez Armand
Colin, L'Art (1988), Les grands courants de la pensée antique, Les grands
courants de la pensée politique (1998), Le christianisme, le judaïsme, l'Islam
et la pensée occidentale (1999) et La Nature (2000).
Introduction : Les ruses de l'histoire et la justice flouée : le fanatisme de
l'égalité. L'héritage gréco-romain. L'héritage judéo-chrétien. Du Moyen Âge à
la Réforme. Justice et pouvoir politique. L'empirisme et l'utilitarisme
(1711-1776). La synthèse formaliste de Kant (1724-1804). Les droits de l'homme
et la raison pratique face à la critique positiviste. Libéraux et
communautariens. Lévinas ou la racine intersubjective de la justice. Ricoeur :
la justice comme sagesse pratique. La justice judiciaire.
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