Un Cubain à Paris, récit
EAN13
9782909240909
ISBN
978-2-909240-90-9
Éditeur
Ecriture
Date de publication
Collection
LITTERATURE FRA
Nombre de pages
216
Dimensions
10 x 10 x 2 cm
Poids
294 g
Langue
français
Code dewey
848.91

Un Cubain à Paris

récit

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DU MÊME AUTEUR

ROMANS & RÉCITS

La Maîtresse du commandant Castro, Robert Laffont, 2009.

Marrane !, Hugo roman, 2007.

Un Français au cœur de l'ouragan cubain, Fayard, 2006.

La Conquistadora, Robert Laffont, 2006, Grand Prix Télégramme.

Ma vie de Jésus, Grasset, 2005.

Mes années Cuba, Grasset, 2004.

Maestro !, Robert Laffont, 2002, prix Carbet des lycéens.

La Sagesse du singe, Grasset, 2001.

D'amour et d'exil, Grasset, 1999, prix Relais H.

Rhapsodie cubaine, Grasset, 1996, prix Interallié.

Habanera, Flammarion, 1994.

L'Île du lézard vert, Flammarion, 1992, prix Goncourt des lycéens.

Zone interdite, Gallimard, 1984.

La Mauresque, Gallimard, 1982 ; Archipoche, 2009.

Un cri sur le rivage, Julliard, 1963.

Les Étrangers dans la ville, Julliard, 1960.

THÉÂTRE

Viva Verdi ; Mare Nostrum, Actes Sud, 1998.

Monsieur Lovestar et son voisin de palier, Actes Sud, 1996.

Les Chiennes, Théâtre ouvert, 1987.

Histoire de Maheu le boucher, Actes Sud, 1986.

Un balcon sur les Andes ; Mendoza en Argentine ; Ma' Déa, Galli- mard, 1985.

Lady Strass, Avant-Scène, 1977.

Madras, la nuit où..., Gallimard, 1975.

L'Autre Don Juan, Gallimard, 1974.

Holocaustum, ou le Borgne, Gallimard, 1972.

Le jour où Mary Shelley rencontra Charlotte Brontë, Gallimard, 1971.

Eux, ou la Prise du pouvoir, Gallimard, 1971.

Les Nonnes, Gallimard, 1969, prix Lugné-Poe.

www.editionsecriture.com

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Et, pour le Canada,
à Édipresse Inc., 945, avenue Beaumont,
Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-3590-5090-5

Copyright © Écriture, 2009.

À Laurent Michel, mon fils.

À Jacqueline Gérard, amitié et gratitude.

À Nancy Huston, âme sœur.

Mon admiration à Roger Blin et Jacques Lecop,
à qui je dois tant. Et aux Cubains Tomás Gutiérrez Alea,
Guillermo Cabrera Infante et Severo Sarduy
qui sont au paradis.
Merci pour nos rires et nos bons moments.

Prologue

C'est après un long entretien à la radio, où j'avais expliqué, une fois de plus, pourquoi j'ai choisi la France comme terre d'accueil et épousé la langue française pour écrire, que Jean-Luc Moreau m'a suggéré le sujet même de ce livre.

— Ton véritable exil en France a commencé en 1968, tu l'as évoqué dans un de tes livres, Mes années Cuba, que je considère comme un roman autobiographique. Par contre, tu as très peu parlé de ton premier séjour à Paris, de presque dix ans, entre la fin de l'année 1951 et le début de l'année 1960.

Nous avons poursuivi la conversation autour d'un café pour mieux envisager la forme que pourrait prendre ce projet.

J'avais vécu en France une décennie marquée par les guerres d'Indochine et d'Algérie. Ces deux événements dramatiques avaient un peu occulté ce qu'était la vie parisienne à cette époque.

La culture française était à son zénith. Les écrivains reconnus continuaient à publier beaucoup : François Mauriac, Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Simone de Beauvoir... Parallèlement, on assistait à la naissance du « nouveau roman » et les noms de Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet, Michel Butor, Claude Simon et d'autres suscitaient l'intérêt grandissant de la presse et des lecteurs.

Des auteurs dramatiques aussi célèbres que Paul Claudel, Henry de Montherlant, André Roussin, Jean Anouilh, remplissaient les grandes salles, tandis que les petits théâtres de la rive gauche montaient des auteurs inconnus, la plupart d'origine étrangère : Adamov, Arrabal, Beckett, Ionesco... Et la presse ne pouvait plus ignorer ces auteurs qu'on réunira sous le dénominateur commun de « théâtre de l'absurde ».

Le cinéma français se portait bien. René Clair, Jean Renoir étaient de retour en France après des expériences pas toujours heureuses aux États-Unis. Les grosses productions en cinémascope s'imposaient sur le marché européen, tandis que le grand vent de fraîcheur de la « nouvelle vague » menaçait de tout balayer avec Les Quatre Cents Coups de François Truffaut, Les Cousins de Claude Chabrol et À bout de souffle de Jean-Luc Godard.

— Tu as vécu cette époque, tu as côtoyé quelques acteurs de cette effervescence culturelle, pourquoi ne pas raconter tes souvenirs, tes expériences, tes rencontres... ?

C'est le mot de « promenade » qui m'a inspiré pour écrire ce texte conçu comme un livre de vagabondage dans le passé.

1

Les langues de mon enfance

Mes parents étaient tous les deux d'origine espagnole. Mon père avait vu le jour à Madrid, ma mère, une Juive séfarade, en Andalousie, quelque part entre Murcie et Séville. Il était avocat et journaliste, connaissait la France et adorait Paris ; elle n'avait jamais mis les pieds dans l'Hexagone et ne rêvait que de visiter la capitale française.

Les amis les plus proches de mon père étaient pour la plupart espagnols et tous s'accordaient à trouver les Français hautains et prétentieux. Ils admiraient cependant la culture française et considéraient Paris comme la seule ville au monde où un étranger puisse se sentir chez soi.

Tout commença, donc, dans ma petite enfance. Nous vivions entourés d'un groupe d'émigrés et d'exilés espagnols pour qui la Ville Lumière était une sorte de paradis de l'art et du savoir-vivre. Mon père et mon parrain basque, José Santullana, parlaient souvent français entre eux.

J'ai aussi été élevé par une nourrice haïtienne qui me chantait des berceuses en langue créole. Elle connaissait quelques chansons françaises dont « Mon homme », qu'elle chantait en s'efforçant de gommer son accent haïtien.

Cette musique française à la maison, c'est le bain dans lequel j'ai grandi depuis mon enfance. Et tous ces hommes, intelligents et de bon goût, ne manquaient pas de clichés pour évoquer ce paradis lointain :

La France, le pays de la culture.

Le français, la langue de Molière.

Paris, le centre artistique du monde.

Puis arriva le moment où j'entendis parler de la France en d'autres termes car les circonstances avaient changé :

La France est menacée.

La France est occupée.

La France entre en résistance.

La Seconde Guerre mondiale enflammait l'Europe. Hitler commençait à répandre la terreur et, de nouveau, comme pendant la guerre civile espagnole, notre maison se transforma en une annexe du journal pour lequel mon père travaillait.

Tout en s'occupant du petit atelier de couture qu'elle avait organisé pour dépanner ses amies, ma mère préparait, l'après-midi, ces plats qui gagnent en saveur s'ils sont réchauffés et servis le soir, parfois même le lendemain. Picadilloà la créole, paella, congri africain... Des repas où le mélange de riz, de viande et de haricots noirs et rouges constitue la base essentielle du menu.

Les amis de mon père commençaient à arriver vers 22 heures. Le poste de radio RCA Victor disposait d'une antenne assez puissante pour capter, tard dans la nuit, les ondes étrangères les plus lointaines. Tous les soirs, ils écoutaient Radio Andorra, dont les émissions politiques étaient considérées comme sérieuses et indépendantes. Chaque « journal » ouvrait avec le nom de la station. Et ce « Aqui Radio Andorra » provoquait toujours un sentiment nostalgique chez ces hommes qui n'oubliaient jamais leur terre d'origine.

La chute de la Pologne, l'invasion de la Hollande et de la Belgique, ainsi que la menace pesant sur la France, nous maintenaient sous pression. Ces journalistes savaient qu'ils pouvaient frapper à notre porte à n'importe quelle heure de la nuit et trouver de quoi manger car ma mère, vouée à la cause de la liberté, avait accepté de cuisiner pour nourrir ce groupe d'amis du seigneur de la maison, mon père, son héros, l'homme de sa vie.

Couché au fond de mon lit, dans la chambre la plus éloignée de l'appartement, je les entendais discuter. C'est ainsi que j'ai été bercé, très tôt, par les accents divers de la langue espagnole, ses tonalités multiples. Le castillan pur de mon père, l'âpre accent catalan du propriétaire du journal El Pueblo, l'accent basque de mon parrain, le chant andalou de ma mère...

— La France ne tombera pas. Il y a la ligne Maginot. Les chars nazis ne passeront pas.

Mon père avait étalé un énorme...
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