Comme disait Alphonse Allais
EAN13
9782909240640
ISBN
978-2-909240-64-0
Éditeur
Ecriture
Date de publication
Collection
Biographies
Nombre de pages
200
Dimensions
10 x 10 x 2 cm
Poids
100 g
Langue
français
Code dewey
848.808

Comme disait Alphonse Allais

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DU MÊME AUTEUR

Toboggans, L'Athanor, 1976 ; rééd., 1993.

Ciné X, Lattès, 1977.

Cadastres, Le Castor Astral, 1978.

La Martingale de d'Alembert, Hemsé, 1981.

Génériques, Belfond, 1983 (prix Max Jacob).

Absence de pedigree, Le Castor Astral, 1984.

Embargo sur tendresse, Le Castor Astral, 1986.

Un certain Blatte, Le Seuil, 1989.

Vivre surprend toujours, Manya, 1991 ; rééd. en « Point Virgule », Le Seuil, 1994.

Dernier Round (avec des dessins de Gérard Guyomard), La Chouette Diurne, 1992.

Bureau des latitudes, Manya, 1993 ; rééd. Le Serpent à plumes, 2005.

Mélodies chroniques, Le Castor Astral, 1994.

L'Ampleur du désastre, Le Cherche Midi, 1995 (prix Guillaume Apollinaire).

Les Désemparés, Le Castor Astral, 1996.

Exercices de stèle (avec des dessins de Jean-Pierre Cagnat), Le Félin, 1996.

Les Crampons de l'ombre (avec des dessins de Marc Giai-Miniet), Aréa, 1997.

Demandez nos calembours, demandez nos exquis mots, Le Cherche Midi, 1997.

Douleurs en fougères (avec des dessins de Cueco), François Janaud, 1997.

Zatopek et ses ombres, Le Castor Astral, 1998.

Football et Littérature (en collaboration avec Benoît Heimermann), Stock, 1998.

Chassez le naturiste il revient au bungalow (avec des dessins de Jean-Pierre Cagnat), Les Belles Lettres, 1999.

Le Bateau livre, Le Castor Astral, 2000.

Papier mâché, Le Rocher, 2001.

Cœur raccord, Le Cherche Midi, 2002.

À bribes abattues..., « Mots & Cie », Mango, 2003.

Lanterne rouge, Le Cherche Midi, 2003.

Ecchymoses et caetera, Le Castor Astral, 2004.

Toujours une femme de retard, Le Cherche Midi, 2005.

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eISBN 978-2-8098-1339-5

Copyright © Écriture, 2005.

Pour Julia

PRÉFACE

ALPHI, MON ROMÉO

Mon intimité avec Alphonse Allais remonte à mes premières grenouillères. On calait les pieds de mon parc avec le volume de ses histoires chatnoiresques. Ma grand-mère me l'a confirmé. Certes, rien de glorieux ici, mais ça rapproche. Mue par un légitime remords et soucieuse de me donner quelque assise littéraire, cette même aïeule a rapporté oralement et avec sollicitude quelques fables allaisiennes au chevet de mon berceau. Elle choisissait les plus légères, les plus mutines, les plus éthérées, pour que la progéniture fasse de beaux rêves.

Et puis, de youpala en tricycle, quand j'ai pris la lecture à mon compte (conte ?), Alphonse a naturellement remplacé Jules (Verne) au centre de mon panthéon portatif, à l'âge où les garçons n'osent pas encore parler aux filles et trouvent leurs copains de jeux bien ennuyeux dans les cours de récréation.

Comme lui, la nuit dans mon lit, j'imaginais que de magnifiques créatures se trompaient de chambre et entraient dans la mienne, nues sous des manteaux de fourrure. Comme lui encore, j'étais prêt, lors d'interminables déjeuners dominicaux, à tuer père et mère pour un bon mot mortifère. Comme lui toujours, étudiant, je ne pouvais travailler que dans les lieux publics, aux guéridons de terrasses sans vent, quadrillées de garçons diligents, fuyant le silence du labeur domestique où la ronde zézayante du sang dans votre corps vous parasite l'imaginaire.

J'avais le goût de l'acharnement thérapeutique pour quelques têtes de Turc favorites. Quand je remplissais les fonctions de critique de music-hall dans les magazines, j'eus ainsi quelques chanteurs souffre-douleur attitrés, sans que je m'explique bien les raisons de cette fixation. Cela dépassait la simple détestation par goût, c'était davantage une manière de décrassage libérateur pour se régénérer les neurones avant de commencer à écrire sous d'autres latitudes. Des gammes apéritives en quelque sorte.

Frère de coup de sang, compagnon de prurit agacé, Allais m'a très tôt appris les charmes du bouc émissaire.

Journaliste aux Nouvelles Littéraires, j'avais inauguré un bref billet d'humeur hebdomadaire baptisé « Les gens sont de drôles de gens ». Hommage feutré au grand homme.

Une large photo un peu floue, celle où il apparaît vieillissant, en canotier au bras de sa jeune épouse, à Tamaris sans doute, trônait au-dessus de mon lit entre des posters de Just Fontaine et de Federico Bahamontès. À défaut d'être un champion, Alphi possédait déjà à mes yeux ses rites, ses trophées, ses records d'endurance.

A. A. Des initiales de leader en éclats de rire !

J'aimais chez Jules Renard, Alexandre Vialatte et Antoine Blondin les mots en carrousel, j'adore chez Allais virtuose le récit-sprint sans un regard en arrière, tracé comme on se défenestre et qui ouvre foison de sournois abîmes sous les pieds du lecteur.

Chez Alphi – oui, soyons familier, même si sa retenue très british aurait rabroué une telle attitude –, il n'y a rien à jeter. Comme chez le suidé domestique. Chacune de ses phrases tient debout comme un bras d'honneur. Chacune de ses digressions contient le monde tout entier au fond d'une bouteille. Le lecteur en a toujours pour son quota d'attention. Tout au content.

Je me souviens, aux avant-postes du dôme Saint-Paul, rue Saint-Antoine, à la sortie du lycée Victor-Hugo, avoir détroussé plus souvent qu'à mon tour cette inextinguible fabrique de calembours pour faire le malin devant Chantal, Martine, Florence ou Brigitte, autant d'égéries du baby-boom lycéen. Je me souviens encore que mon premier vol à l'étal (et aussi mon dernier) fut le tome inaugural desŒuvres anthumes publié aux éditions La Table Ronde. Il contenait « Le Parapluie de l'escouade » dont le titre m'intriguait.

Le larcin fut perpétré au rez-de-chaussée du BHV. Un geste encore aujourd'hui resté inexpliqué. Un raptus d'angoisse sans doute. J'avais glissé le volume cartonné de ce monument de l'humour sous ma houppelande couleur topinambour. Pour égarer l'attention des brigades de surveillance, croyais-je. Funeste erreur. Deux appariteurs musclés m'arraisonnèrent sans ménagement sur le trottoir de la rue de Rivoli. Je fus conduit séance tenante au commissariat du IVearrondissement. En fin de journée, quand mon père vint me chercher, je n'en menais pas large. Les gendarmes me toisaient avec l'air consterné de ceux qui ont capturé un chien errant dont le collier sent encore le patchouli. Le regard de mon géniteur tomba sur la nature du brigandage. Il s'attendait à une bouteille de Chivas, l'intégrale de Presley ou un bijou fantaisie pour mes petites amoureuses. Pas aux chroniques bien serrées d'un auteur rigolo fin de siècle. Il haussa les épaules, ne me gronda pas et me considéra dorénavant comme un partenaire de calembour potentiel. Lui aussi devait aimer Alphi. En tout cas, nous n'en avons jamais reparlé.

Qui vole un humoriste, dérobe un coin de ciel bleu. Pour m'absoudre de ce hold-up d'une rare balourdise, je choisis quelques années plus tard d'infléchir le sujet de ma maîtrise de lettres vers la guerre et le mot d'esprit. Polémologie et calembredaine devait être le titre propre à rassurer les toges sorbonnardes. Sujet farfelu, casse-gueule à souhait, qui me valut force déconvenues. En quoi l'esprit de Jarry, celui des Allais, Renard, Breffort, Vian ou Pierre Dac est-il influencé par la Commune, les Première et Seconde Guerres mondiales ? Fachoda, Craonne, Verdun, Douaumont, Mers El-Kébir ou Dien Bien Phu avaient-ils une importance dans l'histoire de l'humour contemporain ?

J'obtins de justesse une mention passable, avec en prime les mines confondues du jury. Un vibrant plaidoyer à l'oral en faveur de la « guérilla loufoque » d'Alphonse Allais m'avait, paraît-il, sauvé la mise.

Plus tard. Dans les studios d'enregistrement des « Papous dans la tête » de Bertrand Jérôme et Françoise Treussard, émission de France Culture qui s'appelait à l'époque « Mi-fugue mi-raison », à moins que ce ne fût « Le Cri du homard », je rencontrais le spécialiste toutes catégories d'Alphi Ier, l'indispensable François Caradec. Il y avait là aussi, autour du micro, Averty, Lascault, Gripari, Cueco, Gébé, Alexakis, Énard, Minet, Mordillat et bien d'autres. Un club, une tribu, une fra...
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