Pour toi, Nicolas
EAN13
9782352870067
ISBN
978-2-35287-006-7
Éditeur
Archipoche
Date de publication
Collection
ROMANS ETRANGER (09)
Nombre de pages
188
Dimensions
17,8 x 11 cm
Poids
136 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais

Pour toi, Nicolas

De

Traduit par

Archipoche

Romans Etranger

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DU MÊME AUTEUR

Vendredi noir, Fleuve Noir, 2003.
Premier à mourir, Lattès, 2003.
Rouges sont les roses, Lattès, 2002.
Le Jeu du furet, Lattès, 2001.
La Dernière Prophétie, l'Archipel, 2001.
Souffle le vent, Lattès, 2000.
Au chat et à la souris, Lattès, 1999.
La Diabolique, Lattès, 1998.
Jack et Jill, Lattès, 1997.
Et tombent les filles, Lattès, 1995.
Le Masque de l'araignée, Lattès, 1993.

Ce livre a été publié sous le titre :

Suzanne's Diary for Nicholas

par Little Brown and Company, New York, 2001.

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Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-3528-7665-6

Copyright © SueJack Inc., 2001.
Copyright © L'Archipel, 2004, pour la traduction française.

À ceux qui ont aimé, tout perdu,
et aimé de nouveau

À Robin Schwarz, dont la précieuse assistance
et le grand cœur sont vivement appréciés

Merci pour leur aide à Mary, Fern, Barbara, Irene,
Maria, Darcy, Mary Ellen et Carole Anne

Et surtout, à Suzie, Jack et Jane

KATIE

Katie Wilkinson prenait un bain dans son appartement new-yorkais. Guenièvre, sa chatte persane, était perchée sur le lavabo. Merlin, son labrador noir, se tenait dans l'encadrement de la porte menant à la chambre à coucher. Tous deux la regardaient comme s'ils avaient peur pour elle.

Quand elle eut fini de lire, elle baissa la tête et, frémissant de tout son corps, posa le livre relié de cuir sur le tabouret à côté de la baignoire.

Puis elle se mit à sangloter ; ses mains tremblaient. Elle perdait le contrôle d'elle-même, ce qui ne lui arrivait pas souvent : c'était quelqu'un de fort et de solide. Katie chuchota des mots entendus autrefois dans l'église de son père, à Asheboro, Caroline du Nord :

— Ô Seigneur, où donc es-tu ?

Jamais elle n'aurait cru que ce texte puisse avoir sur elle un tel effet. Bien entendu, à lui seul, il n'aurait pas suffi à la placer dans un tel état de confusion.

Non. Il ne s'agissait pas seulement du journal de Suzanne.

Elle visualisa mentalement Suzanne et la vit dans son petit cottage de Beach Road, sur Martha's Vineyard.

Puis le petit Nicolas. Un an à peine, avec des yeux d'un bleu vif.

Et pour finir Matt.

Le père de Nicolas.

L'époux de Suzanne.

L'ex-amant de Katie.

Pourrait-elle jamais pardonner à Matt ? Elle n'en était pas sûre. Mais au moins comprenait-elle un peu mieux ce qui s'était passé. Le journal lui avait révélé ce qu'elle avait besoin de savoir, ainsi que de douloureux secrets qu'elle aurait préféré ignorer.

Katie s'enfonça davantage encore dans l'eau tiède du bain, et songea au jour où elle avait reçu le journal : le 19 juillet...

Ce qui la fit sangloter de nouveau.

Le 19 au matin, elle s'était sentie attirée par l'Hudson, puis elle avait été tentée par une promenade en bateau autour de Manhattan. Matt et elle avaient un jour essayé, et cela leur avait tant plu qu'ils avaient recommencé plus d'une fois, s'y abandonnant comme à un rituel infantile.

Elle monta à bord pour la première excursion de la journée, se sentant à la fois triste et furieuse... Elle ne savait même plus ce qu'elle éprouvait.

À cette heure matinale, il n'y avait pas trop de touristes. Katie s'assit tout près du bastingage, sur le pont supérieur, et contempla New York depuis les eaux maussades qui entouraient la ville.

Quelques personnes la remarquèrent – surtout des hommes.

Katie attirait les regards. Elle était grande – près d'un mètre quatre-vingts –, avec de grands yeux bleus pleins de chaleur. Mais elle s'était toujours jugée empruntée et pensait que les gens la regardaient à tort. Ses amis, quant à eux, la trouvaient superbe, éblouissante. Chaque fois, elle répondait :

— Oui, bien sûr, si vous le dites.

Pourtant elle ne se voyait pas, ne se verrait jamais ainsi, mais comme quelqu'un de très ordinaire, une fille de ferme venue de Caroline du Nord...

Ses cheveux bruns étaient noués en une longue tresse depuis qu'elle avait huit ans. Autrefois cela faisait un peu classique mais, désormais, c'était l'incarnation même du cool new-yorkais. Sans doute avait-elle enfin fini par rattraper son époque. Son maquillage se réduisait à un peu de mascara, parfois du rouge à lèvres. Ce jour-là, elle ne portait ni l'un ni l'autre, et n'avait rien d'éblouissant.

Elle se souvint d'une réplique que Humphrey Bogart lançait à Katharine Hepburn dans African Queen :

— Tête bien droite, menton levé... l'image même de l'héroïne !

Elle se sentit un peu mieux.

Katie avait pleuré pendant des heures, ses yeux étaient gonflés. La veille, l'homme qu'elle aimait avait, brutalement et sans explications, mis un terme à leur relation. Elle n'avait rien vu venir et en était restée abasourdie. Il lui paraissait impossible que Matt ait pu la quitter.

Quel lâche ! Comment a-t-il pu ? M'a-t-il menti depuis le début, depuis des mois ? Bien sûr que oui ! Quel salaud !

Elle aurait voulu penser à lui, à ce qui les avait séparés, mais ne put songer qu'aux bons moments qu'ils avaient passés ensemble.

Elle dut bien reconnaître, à contrecœur, qu'elle avait toujours bavardé librement de tout avec lui – de la même manière qu'elle discutait avec ses amies. Celles-ci pouvaient se montrer féroces, avaient souvent eu bien des désillusions avec les hommes ; pourtant elles aimaient Matt. Alors, que s'est-il passé entre nous ? C'est ce qu'elle cherchait désespérément à comprendre.

Il était vraiment prévenant – ou du moins il l'avait été. L'anniversaire de Katie tombait en juin : chaque jour de ce mois, il lui avait envoyé une rose. Il semblait toujours se souvenir de l'avoir vue porter tel corsage, tel pull, telles chaussures. Il n'ignorait rien de ses humeurs – les bonnes, les mauvaises, et parfois les franchement pénibles.

Il aimait les mêmes choses qu'elle – c'est du moins ce qu'il disait. Les mêmes livres, les dîners suivis d'un verre dans un bar de Greenwich Village, ou chez Bobby, sur Hudson Street. Les films étrangers. Les vieilles photos en noir et blanc, les peintures qu'ils dénichaient au marché aux puces.

Tous deux adoraient les dimanches après-midi, qu'ils passaient dans l'appartement de Katie. Elle lisait le New York Times de la première à la dernière page, il révisait ses poèmes, qu'il étalait sur le lit, sur le sol de la chambre, parfois sur la paillasse de la cuisine.

Tracy Chapman, parfois Sarah Vaughan, en arrière-plan discret. Délicieux, en tous points parfait.

Grâce à lui, elle se sentait en paix avec elle-même, sûre de faire ce qui était bon et juste. Personne ne lui avait jamais donné ce sentiment. Elle était apaisée, pleine d'allégresse.

Quoi de mieux que d'être amoureuse de Matt ?

Elle ne voyait pas.

Un soir, ils s'étaient arrêtés dans un petit bar où il y avait un juke-box. Ils avaient dansé, Matt lui avait fredonné All Shook Up, imitant Elvis Presley de manière très drôle, mais aussi étonnamment fidèle. Puis Al Green, encore mieux, ce qui l'avait laissée sans voix.

Elle aurait voulu être avec lui pour toujours. Un cliché un peu bête, mais authentique.

Quand il était à Martha's Vineyard, où il vivait et travaillait, ils pouvaient parler des heures durant, le soir au téléphone – ou s'envoyer des courriers électroniques. Ils appelaient cela leur « histoire d'amour longue distance ». Pour autant, il avait toujours dissuadé Katie de venir le voir sur l'île. Peut-être était-ce là un signe dont elle aurait dû se méfier ?

Malgré tout, cela avait marché – pendant onze mois magnifiques qui semblaient se fondre en un seul instant. Katie s'attendait à ce qu'il lui demande de l'épouser : elle en était certaine, au point d'en avoir parlé à sa mère. Mais, bien entendu, elle s'était trompée du tout au tout. Elle se faisait l'effet d'être une idiote – et s'en voulait mortellement.

Comment avait-elle pu se leurrer à ce point sur son compte ? Comme sur tout le reste ? Cela ne lui ressemblait guère de négliger à ce point son instinct qui, en règle générale, ne la trompait pas.

Jusqu'à maintenant. Et, cette fois, c'était une sacrée bourde.

Katie se rendit brusque...
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