Paris sans suite, roman

Pierre Jouve

Denoël

  • 22 mars 2010

    Une bonne surprise « Paris sans suite », roman, premier roman de Pierre Jouve. . Il est artiste photographe, spécialisé dans les villes portuaires, et la brigade criminelle, quelque chose du côté moche des choses l’attire. Armé de son appareil, de ses relations avec le Préfet de Police, ce bourgeois chic, féru de psychanalyse plus ou moins ratée, cherche son chiffre, sa vérité, son désir, son corps, sa vie, à tombeau ouvert dans des voitures banalisées, fonçant gyrophares en tête dans les rues de Paris, ses zones pourries, ses banlieues défoncées, ses personnages glauques. Dans ce chiffre tant recherché, il y a le corps magnifique d’une mère détruite, défaite, malade, folle à force d’abandon par ses aimés, père, mari et fils. Lui, fils, devenu mari, si peu père, va se cogner à ce corps adoré, devenu abject.

    Il le rencontrera en des femmes sublimes, impossibles à satisfaire, ni à calmer, à force de fuir le fait de les aimer. Femmes qu’il tue et qui se tuent sous ses yeux-objectifs, yeux d’enfant voyeur, voyant, aveugle. Non né.
    En ses multiples volutes dans sa ville, Jouve nous introduit à l’ambiance malsaine du monde flic, désespéré, à la lisière du crime, son non-sens ironique et sa brutalité. Lui faisant face, sur l’autre rive, l’arrogance et le mépris de la « Rive gauche » éditoriale, vieillie à force de narcissisme intellectuel.
    Beau livre, d’une écriture à la pâte juste, dont la progression lente peut parfois faire craindre l’enlisement dans la complaisance d’une absence de vie.
    Un Paris qui n’en peut plus de ne pas rejoindre sa splendide beauté !