Vivre et revivre

CHEVALIER Gérard

Palémon

  • Conseillé par
    29 janvier 2019

    policier, Shangai

    Sous-titré Crimes et concessions, je me demandais pourquoi concessions était au pluriel. Après tout, Shanghai était une des concessions françaises en 1926.

    Des crimes, il y en aura plusieurs : celui de la femme du Consul de France (excusé du peu), puis celui du chef de la police.

    Le roman nous plonge donc en pleine Shanghai des années 20 : ses pousses-pousses, ses rues pleines de monde et bruyantes, ses quartiers pauvres et ses belles maisons de maîtres, ses chefs de guerre et son Bund, bien sûr.

    Nous suivons Liao et Nicolas, deux enquêteurs chinois sous drapeau français (comprenez que Nicolas a été baptisé et a pris un prénom européen, mais pas Liao).

    Liao qui est amoureux de Marthe qui a malheureusement été enlevée par un chef de guerre.

    Double enquête pour ces deux compères sous les ordres d’un breton qui se réveille peu à peu de sa torpeur.

    En parallèle, un jeune garçon nous raconte sa vie dans les Monts d’Arrée, sa mère décédée tôt, son père paysan qui fait tout pour que son fils ai une bonne éducation. Qui est ce petit breton, et quel rapport avec Shanghai ? Que le monde est petit, même au siècle précédent.

    J’ai aimé suivre ces différentes enquêtes et leurs rebondissements.

    J’ai aimé me demander qui était ce petit breton, suivre son enfance et son parcours.

    J’ai aimé cette plongée dans ce monde disparu, en équilibre entre deux guerres, et les armées de Tchang-Kaï-Chek qui se rapprochent.

    Et puis ces concessions que les personnages doivent faire, aussi.

    L’image que je retiendrai :

    Celle de Liao donnant à manger aux coolies qui le véhiculent, son père ayant été lui-même coolie.

    https://alexmotamots.fr/vivre-et-revivre-gerard-chevalier/


  • Conseillé par
    20 janvier 2019

    Voilà un roman dense, plein de surprises, rebondissements, apports historiques. L'aventure est au coin de chaque page, chaque fois étayée par une part de l'histoire de la concession française de Shangaï. Presque 600 pages passionnantes qui ne se refusent rien surtout aucun thème ou genre : polar, aventure, roman d'initiation, sensualité, trahisons, espionnage, amitié, amour, banditisme, ... Foisonnant, je crois que c'est le mot qui convient le mieux et qui, pour une fois, n'est pas galvaudé. Gérard Chevalier part dans tous les sens tout en maîtrisant absolument son histoire, et quel pied pour le lecteur. J'ai eu l'impression d'être dans un film grandiose, d'en prendre plein les yeux, comme rarement. Vous voyez, un film à gros budget et aux images léchées, aux couleurs choisies et soignées, aux personnages forts et humains qui peuvent changer, faire une mauvaise action un jour et une bonne le lendemain... Enfin du vrai bon cinéma... pardon roman d'aventures policières.

    Tout est là pour le spectacle, tout ce qui fait la force des romans d'aventures -sans oublier les quelques longueurs et un certain lyrisme parfois, inhérents au genre-, le contexte géographico-historique que personnellement, je ne connaissais pas, les personnages dont le commissaire breton parti de rien superbement humain, les deux flics chinois qui révéleront eux aussi leur humanité... Enfin, bref, si vous voulez égayer les longues soirées d'hiver, voici l'idéal moyen.