Vampires

Thierry Jonquet

Seuil

  • Conseillé par
    18 février 2011

    THIERRY JONQUET. VAMPIRES.

    Vampires est le dernier roman, inachevé, de Thierry Jonquet emporté par la maladie en 2009. L''ouvrage nous laisse sur un sentiment de frustration de ne pouvoir aller jusqu'au bout du récit mais la lecture de Vampires nous offre un plaisir intense, du fait de la puissance de l'écriture.
    Jonquet construit deux histoires parallèles, qui, on s'en doute, finiraient par se croiser si le roman était terminé. La première pourrait se nommer : le retour de Vlad Tepes alias Dracula. Un sans papier roumain découvre dans un hangar désaffecté un homme empalé- ante mortem- sur un pieu de bois .


    Il s'agissait d'un homme jeune, de carrure athlétique, très musclé, à la poitrine glabre. Il ne portait aucune trace de mutilation. Mais son visage évoquait celui d'un vieillard. Les souffrance inouïes qu'il avait endurées l'avaient transfiguré. En quelques heures à peine, de profondes rides avaient creusé ses traits, sur le front, les joues, et de sa bouche grande ouverte, figée dans un rictus monstrueux, semblait jaillir un hurlement sans fin.
    La deuxième histoire nous plonge au sein de la famille Radescu, de véritables vampires à la force herculéenne, au teint blafard, qui vivent plusieurs siècles dans le refuge de la nuit. Leur vie quotidienne est loin d'être simple.
    Nous autre les vampires sommes ipso facto condamnés à la marginalité. Nos enfants ne peuvent vivre en société, suivre une scolarité normale, avoir des amis, jouer dans une cour de récréation, réalisez-vous ce que cela représente? Nous sommes d'emblée stigmatisés, réduits à un destin de maudits.
    Avec humour, Jonquet nous rappelle que dans notre bonne France le sans papier, surtout le Rom roumain , n'est guère reçu avec enthousiasme. Les étrangers sont-ils à nos yeux des vampires ? Thierry Jonquet renouvelle le genre du fantastique en le plaçant dans le cadre du roman noir. Il nous glace le sang. Tant mieux puisque les vampires le préfèrent bien chambré. Il nous fait rire d'horreur, en maniant l'humour noir et l'analyse sanguine. J'ai appris deux choses essentielles à la lecture du livre : La première, l'autopsie d'un cadavre d'empalé provoque chez les médecins légistes un plaisir proche de l'orgasme. La seconde, les Vampires existent, je les ai rencontrés.