Si c'est ma femme, je suis pas là

Hervé Bellec

Éditions Dialogues

  • Conseillé par
    24 juin 2011

    Je l'ai acheté le 18 juin, et je vois qu'il y en a qui ont fait autant ! C'est vrai qu'il ressemble au "Bon Dieu pour les ivrognes", mais je trouve l'écriture plus surprenante, la fin des histoires moins prévisibles. Enfin, je l'adore comme tous les autres que Bellec que j'ai dévorés avant celui-là !

    Un seul regret: ne pas avoir la possibilité d'être à la Librairie Dialogues pour le faire dédicacer. Depuis la Suisse, c'est un peu loin ! Mais j'ai une belle photo avec une maison aux volets bleus, au bord de l'Elorn, ce qui est mieux que rien...


  • Conseillé par
    21 juin 2011

    Pluie et chaleur !

    Un recueil de nouvelles d'Hervé Bellec est toujours une découverte, « Un bon Dieu pour les ivrognes » me revient obligatoirement en mémoire ! Ici, sept nouvelles, sept femmes, sept destins amoureux parfois, tragiques souvent. Elle n'est pas souvent belle la vie !
    La pluie comme stimulant érotique pourquoi pas ? Est-ce pour cela que, nous bretons, aimons bien revenir au pays, la première jeunesse passée ? Le soutien gorge est plus classique comme objet de fantasme, surtout dans les pays très secs. Par contre il semble que le mélange des deux soit détonnant …..cela libère les pulsions et les seins...... Dire qu'en Bretagne il ne pleut que sur les cons, dans ce cas précis me rappelle cette chanson de Brassens « Le blason », vibrant hommage aux femmes.


    « Une journée classée rouge » un jour qui semble ordinaire, un homme, une femme plus jeune, des départs en vacances, la route, circulation et embouteillages, la nuit tombe, une envie pressante, arrêt sur une aire d'autoroute, un chaton abandonné.... la raison de l'homme bascule.
    Chaud devant mais aussi tout autour, la canicule rend toute vie difficile sauf pour les mouches qui prolifèrent. Un homme et une femme, ex-couple venu vivre à la campagne après un drame familial, tente de survivre, en tant qu'êtres humains et également avec un semblant de civilisation dans un monde étouffant où l'eau est une denrée devenue très précieuse. Revivre un peu....comme avant l'espace d'un moment..
    Tout le monde court après quelque chose....mais courir pour perdre des kilos c'est comme perdre son temps et son âme. Pour quel résultat?.. pour rêver d'une bière fraiche, d'une cigarette et d'un livre. La vie est courte alors s'il faut la poursuivre, parfois l'envie n'est plus là.
    Marie-Vieille taupe m'a fait penser à une vieille chanson d'Edith Piaf.... "Ils sont arrivés se tenant par la main", ils marchent sur la plage, elle devant, lui ensuite, la patronne du bistrot les regarde, les observent,  vers quels drames vont-ils ? Elle se remémore sa vie, enfant de l'occupant dans le microcosme d'une île bretonne. Le monde est là, la femme qui a débarqué et qui est restée, les joueurs de dominos, le Capitaine, la sale gosse prétentieuse et mal élevée, et ce couple avec dans la bouche de la femme cette phrase couperet :
    -« Écoute on en a déjà parlé mille fois ».
    Pour qui sonne le glas...Un très beau texte, sûrement un des plus réussis à mon goût de ce livre.
    Une soirée au camping, un coin tranquille, une épouse enceinte lisant des haïkus mots qui riment avec cactus. Plus tard l'histoire ne manquera pas de piquant! Quel est le nom qui correspond aux numéros....22, 29, 35, 44, 56, et le 37 ? C'est où?
    Un écrivain aux prises avec des tasseaux, du lambris, des murs et qui essuie les plâtres...et en plus une nouvelle à écrire...et le bricolage, la maison. C'est dur la littérature. Mais les nouvelles, comme les hirondelles et les contractuelles vont par deux, et ensuite tout va mieux.
    Des femmes, des jeunes ou des plus vieilles, objets de désir ou de rejet, aimées ou détestées, parfois détestables, des Claire qui ne sont pas obscures, des Cécilia qui attendent au camping, des Solange fausses cariatides de bistrot, une Babette qui ne pensait pas partir en guerre et toutes les autres.....
    Des hommes bien sûr qui n'ont pas toujours le beau rôle, joggeur contraint et forcé ou fugitif rentrant au bercail faute de mieux, Capitaine qui a remplacé la ligne de flottaison de la mer par celles des verres de rouge... les vieux îliens pas toujours raffinés, l'homme mené par le bout du nez ou par un autre organe...Des Baptiste qui ne sont pas des saints, des écrivains qui n'en sont pas non plus...
    Une galerie, non pas d'art, mais pas de monstres non plus, portraits de personnages vivants et ordinaires que l'on croise à chaque coin de rue.
    C'est comme d'habitude chez Hervé Bellec bien écrit ; en supplément les thèmes sont variés de l'amour à la mort, du présent au futur avec par exemple « Par une longue nuit de canicule » qui décrit un monde peu réjouissant. On trouve au hasard de ces récits des similitudes, un dessinateur dans deux histoires, un meurtre commis dont on trouve mention aux informations dans une autre histoire, cela donne une unité à ce recueil de nouvelles.
    Une phrase parmi tant d'autres résume bien une certaine philosophie de la vie :
    - Ce n'est pas tous les jours qu'on leur sert au menu des cuisses aussi appétissantes que le jarret de leur kig-ha-farz dominical.
    Heureux hommes...du kig-ha-fars tous les dimanches..avec l'âge les plaisirs changent !