• Conseillé par
    6 juin 2012

    L'auteur prend la future réalité de sa prochaine retraite de plein fouet : points retraite x prix de point = 1880€, ce n'est pas mal, certes, mais quand c'est pour une année entière, les perspectives sont ternes et peu enviables. Lui qui souhaite pourvoir accéder à toutes sortes de plaisirs lorsque la bise sera venue cherche LA solution pour arrondir ses vieux jours. Proprétaire de logements à louer. Voilà la bonne affaire pense-t-il, mais c'est bien sûr sans songer aux méandres administratifs, financiers et aux difficultés de trouver de bons locataires.


    Vincent Ravalec s'enquiert donc de meilleur emplacement, d'une ville rentable, ... de la bonne affaire, celle sensée lui permettre de satisfaire ses futures envies de vieux :

    "Et si je voulais aller aux putes ? J'avais toujours détesté la prostitution. Oui, mais ça c'était bon quand, la blague aux lèvres, j'arrivais à harponner quelques pétillantes ingénues pour leur expliquer à quel point une relation plus approfondie nous conduirait immanquablement vers une plus-value littéraire. Vieux et croulant, je serais peut-être bien content de trouver un peu de réconfort même tarifé. Seulement encore fallait-il que je puisse m'acquitter du tarif en question." (p.15/16)

    Ce livre n'est pas à proprement parler un roman, c'est plutôt l'itinéraire d'un homme en butte aux demandes diverses des banques, des notaires, des artisans, qui doit faire face à des situations qu'il n'imaginait pas lorsqu'il n'était pas encore propriétaire. Comme dirait l'autre : "Ça sent le vécu !". Toujours V. Ravalec garde le sourire -jaune parfois. Son récit est traité sur un ton humoristique, un rien détaché, quand bien même en tant que futur proprio, il est très attentif aux démarches, visites et tracasseries diverses. Ce n'est pas un vrai guide d'un professionnel de l'immobilier, mais c'est plus réel et plus drôle ! Si vous avez vu la pièce ou le film de et avec Dani Boon, La maison du bonheur, qui n'est pas un chef d'oeuvre je vous l'accorde, mais qui réussit très largement à me faire rire, les prestations offertes par les ouvriers -les excellents Zinedine Soualem et Laurent Gamelon- et l'atmosphère d'amateurisme -et c'est un euphémisme- qu'ils dégagent ne sont pas très loin des situations que peut décrire l'auteur.

    La seconde partie du bouquin, elle, est un guide pour devenir un bon propriétaire. Je dis seconde partie, mais ce n'est pas si clair que cela si je m'arrête un instant sur le livre en tant qu'objet. D'abord, la couverture entière -les quatre pages- sont soignées : dessins de l'illustrateur du livre Jean-C. Denis et photos des deux auteurs en pages intérieures. Qualité habituelle chez cet éditeur. Ensuite, lorsque j'ai eu le livre entre les mains, je me suis demandé par quel bout le commencer. Car il est fait en deux parties : Proprio dans un premier temps -ou pas- et si l'on retourne le livre comme une crêpe eh, bien on tombe sur la seconde partie-ou la première ?- Comment financer sa retraite en devenant (un bon) propriétaire ? : les deux parties sont tête-bêche. Un livre original par la forme qui préfigure l'originalité du fond. Un contenant qui ravit autant que le contenu.

    Voilà donc une lecture qui sort de l'ordinaire, à la fois drôle et sérieuse, très bien écrite et intelligente qui me sort un peu des romans qui font ma pratique de lecture principale. Que demander de plus ?