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Conseillé par Alex-Mot-à-Mots9 février 2016
Islande, Lituanie, suspens
Quel roman que celui-là ; quelle plongée il nous propose dans le monde moderne et sa folie !
Il nous propose bien sûr une réflexion sur le racisme actuel ; sur les parties d’extrême droite en Europe et comment ils s’habillent de frais ; sur la révolution des casseroles en Islande ; sur le couple et la place de l’enfant.
Mais c’est aussi un roman sur la dérive d’un homme, Omar : hacker à la petite semaine, violeur par inadvertance, pyromane sur un coup de colère. Un homme qui doute de lui, toujours, tout le temps. Je me suis attachée à cet homme déboussolé et sans repère, si ce n’est son amour extraordinaire pour Agnes et son fils, lui pardonnant tout et se rendant lui-même sur les traces du passé de sa femme.
Mais c’est avant tout un roman sur le silence : celui qui ne dit pas les exécutions sommaires des Juifs en Lituanie ; celui des points de suspension dans les dialogues entre les personnages ; celui qui règne entre Omar et Agnes.
Une lecture qui m’a toutefois mise mal à l’aise dans les premières pages, mais dont j’ai aimé la construction, les différentes voix qui se chevauchent.
Et le personnage d’Arnor, si attachant, finalement. Le coeur sur la main, cet homme…..
Un grand roman !
L’image que je retiendrai :
Celle des pensées de Snorri depuis sa naissance jusqu’à la fin du roman : un bébé qui nous raconte son monde et ses avancées en grandissant.
http://alexmotamots.wordpress.com/2016/02/04/ilska
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Conseillé par sandrine575 octobre 2015
C'est son histoire familiale mouvementée qui a conduit Agnes Lukauskaite à s'intéresser à la deuxième guerre mondiale, au nazisme, aux sort des juifs, au racisme et, par extension, à l'extrême droite en Europe de nos jours. Des sujets qu'elle aborde dans son mémoire de licence pour lequel elle interviewe Arnor, un néo-nazi islandais avec qui elle entame une relation. Mais Agnes vit déjà en couple avec Omar et quand elle se retrouve enceinte, elle est dans l'impossibilité de déterminer qui est le père. Pourtant rien ne prédisposait la jeune fille à tomber amoureuse d'un néo-nazi, ni ses principes, ni ses convictions, et surtout pas ses origines. Agnes, en effet, est d'origine juive lituanienne. Fuyant le communisme ses parents ont quitté Jubarkas. Jubarkas où, durant la seconde guerre mondiale, les habitants ont aidé les Einsatzgruppen d'Hitler à exterminer tous les juifs de la ville et où Vilhelmas Lukauskas, l'arrière-grand-père d'Agnes a tué Izak Banai, son autre arrière-grand-père.
Un roman difficile d'accès a priori que cet Illska, sous-titré Le mal. Car c'est bien du mal qu'il s'agit, incarné par Hitler et ses sbires, dissimulé derrière la façade de respectabilité des partis populistes européens. S'il raconte la rencontre d'Agnes et Omar et leur vie de couple tourmentée par l'apparition d'un troisième protagoniste, Eiríkur Örn NORDDAHL entrecoupe son récit de considérations et de faits concernant la deuxième guerre mondiale, l'holocauste, le point Godwin, l'extrême droite en Islande, Suède, Danemark et même en France. C'est assez déstabilisant, d'autant qu'il fait fi de toute chronologie. Mais une fois l'habitude prise, on se passionne à la fois pour les histoires passées et présentes de d'Arnor, Agnes et Omar, et pour les interventions de l'auteur qui dénoncent certains partis populistes décomplexés qui sous des dehors respectables cachent un bon vieux fond de racisme. (Un chouette type ce Eiríkur). Puis dans une deuxième partie, on découvre les événements qui se sont déroulés dans la ville lituanienne de Jurbarkas durant la deuxième guerre mondiale. Comment la population est passé de l'occupation soviétique à l'occupation allemande. Comment les nationalistes ont vu là une occasion de chasser les juifs installés depuis des siècles dans la ville. Comment la ville est devenue ''judenfrei''. Et comment Vilhelmas Lukauskas en est venu à tuer son associé et ami Izak. Dans la dernière partie, peut-être la moins intéressante, on retrouve le triangle amoureux, réuni après moultes tribulations. La conclusion de cette somme de travail laisse un peu à désirer. Les interventions du bébé d'Agnes sont un brin longuettes et l'auteur n'a pas su choisir une fin. Il se perd et nous perd... Pourtant, on ne peut lui en vouloir tant le reste est d'une incroyable intensité.
Un livre qui bouscule les codes, qui interpelle, qui passionne, qui rappelle quelques vérités trop vite oubliés ces derniers temps où le FN croit se racheter une conduite en se colorant de bleu marine. A LIRE !Un grand merci à la librairie Dialogues et au club de lecteurs Dialogues croisés.