Critique de la modernité
EAN13
9782213645018
Éditeur
Fayard
Date de publication
Langue
français

Critique de la modernité

Fayard

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L'Occident a longtemps cru que la modernité était le triomphe de la raison, la
destruction des traditions, des appartenances, des croyances, la colonisation
du vécu par le calcul.

Mais, aujourd'hui, toutes les catégories qui avaient été soumises à l'élite
éclairée, travailleurs et colonisés, femmes et enfants, se sont révoltées et
refusent d'appeler moderne un monde qui ne reconnaît pas à la fois leur
expérience particulière et leur accès à l'universel. De sorte que ceux qui
s'identifient à la raison apparaissent désormais comme les défenseurs d'un
pouvoir arbitraire.

Faut-il renverser leur domination et reconnaître une diversité sans limite des
expériences vécues et des traditions? Mais ce différencialisme extrême porte
en lui l'intolérance, le racisme, les guerres de religion. Et la fuite dans le
postmodernisme ne découvre que l'épuisement de l'idéologie qui identifiait la
modernité à la rationalisation.

Il faut reconstruire la modernité, d'abord en revenant à ses origines. Dès le
début, dès la rupture entre la Renaissance et la Réforme, elle a rompu l'unité
du monde ancien, à la fois rationnel et sacré. Elle a chargé la raison de
découvrir les lois du monde, et la conscience de faire apparaître un sujet qui
n'était plus divin mais humain. Ce dualisme de la modernité, présent chez
Descartes comme dans la Déclaration des Droits de l'Homme, a été détruit par
l'orgueil de la philosophie des Lumières et des philosophes de l'histoire.
Maintenant que le règne de la raison conquérante s'est achevé, renversé par
Nietzsche et par Freud, mais aussi par la consommation de masse et les
nationalismes, il faut écouter la voix du sujet, qui n'est pas introspection
mais lutte pour la liberté contre la logique de la marchandise et du pouvoir,
qui est volonté de l'individu et du groupe d'être acteurs de leur vie, mais
aussi mémoire et appartenance. La modernité est faite des complémentarités et
des oppositions entre le travail de la raison, la libération du sujet et
l'enracinement dans un corps et dans une culture.

Ce livre marque une nouvelle étape majeure, après Sociologie de l'action et
Production de la société, dans la réflexion d'Alain Touraine.
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