Le sacrifice humain chez les Aztèques
EAN13
9782213653105
Éditeur
Fayard
Date de publication
Langue
français

Le sacrifice humain chez les Aztèques

Fayard

Indisponible
Nulle part le sacrifice humain officiel, organisé par l’Etat, n’a été plus
répandu que dans l’ancien Mexique. Les Aztèques eux-mêmes se vantent d’avoir
immolé en trois ou quatre jours quelque 80 400 guerriers pour l’inauguration
de leur Grand Temple en 1487. Cette pratique, qui nous paraît barbare, mais
que toute une tradition tente de minimiser ou de justifier reste
particulièrement difficile à comprendre. On dit parfois que le XXe siècle a vu
bien pis avec ses génocides, mais le fait de sacrifier des ennemis n’empêchait
nullement les Aztèques d’exterminer en plus des cités entières. Il est vrai
aussi que bien d’autres civilisations ont immolé des hommes aux dieux, mais
elles ont en général fini par passer au sacrifice animal, ou même, comme le
christianisme, au sacrifice non sanglant.

Comment comprendre alors le cas des Aztèques ? Pourquoi ces mises à mort
nombreuses, variées et raffinées ? Pourquoi cette implication de la société
tout entière, les rois, les nobles et les prêtres, les sacrifiants –
seigneurs, guerriers victorieux, riches marchands ou artisans –, et enfin
l’ensemble des habitants, sans compter ceux d’autres cités parfois contraints,
sous peine de mort, d’assister aux cérémonies ?

Les victimes sont présentées à la population qui les adopte et reste en
contact avec elles. Certaines incarnent l’une ou l’autre divinité et se
promènent pendant des jours dans la ville. Lorsqu’on les immole et les mange,
c’est la divinité même qui meurt et renaît à travers elles. Ceux qui les
offrent, les sacrifiants, les accompagnent depuis la capture ou l’achat
jusqu’à la mise à mort, lorsqu’ils les conduisent au pied du temple ou de la
pierre de sacrifice. Connus et visibles du début jusqu’à la fin, ils
organisent les banquets finaux durant lesquels on mange l’homme-dieu, ils en
conservent des reliques et gagnent du prestige, des richesses et des chances
de survie dans l’au-delà. L’ampleur de la cérémonie glorifie la cité et écrase
les rivaux invités à y participer. Mais les mises à mort massives de
prisonniers de guerre sont aussi des meurtres inspirés par la vengeance, des
meurtres dont ceux qui y assistent fascinés sont en fait complices, ce qui
doit accroître le sentiment d’appartenance au groupe et renforcer sa cohésion.
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