Tu finiras sur l'échafaud, Mémoires
EAN13
9782403010459
Éditeur
FeniXX réédition numérique (Flammarion)
Date de publication
Collection
Spécial-police
Langue
français
Langue d'origine
français

Tu finiras sur l'échafaud

Mémoires

FeniXX réédition numérique (Flammarion)

Spécial-police

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Toute votre vie, vous avez habité sur un promontoire dominant la mer, chaque
jour vous l'avez eue sous les yeux. Vous l'avez vue dans ses bons et dans ses
mauvais jours, vous croyez savoir ses humeurs, ses bonaces, ses déchaînements.
Vous vous êtes même embarqué maintes et maintes fois sur des bateaux, du
rafiot au paquebot, vous avez essuyé les tempêtes et le grand soleil. La mer,
vous croyez la connaître bien. Un jour, vous vous équipez de bouteilles
d'oxygène, vous mettez un masque sous-marin, et vous plongez : vous découvrez
la mer du dedans, c'est à la fois tout nouveau et prodigieux. C'est pourtant
la mer, la même : jusque-là, vous n'en connaissiez que l'envers du décor, vous
en voyez pour la première fois l'endroit, les fonds, la flore et la faune qui
l'habitent. Telle est la sensation que j'ai eue en écrivant cette
autobiographie. J'avais vécu ma vie au jour le jour et en surface, soudain je
la découvrais de l'intérieur et dans ses profondeurs, je croisais toute une
faune que je ne connaissais pas : des bancs de poissons inoffensifs, des
crustacés bien ancrés sur des rochers, des animaux tentaculaires, des monstres
parfois, squales et barracudas, et aussi des sirènes. On dit qu'elles
n'existent pas. Moi, j'en ai retrouvé que j'avais aperçues en surface, mais
là, dans leur paysage natal, j'ai su toute la place qu'elles avaient tenue
dans ma vie. Le spectacle réel de ce que j'avais cru m'être si familier m'a
fasciné ; très souvent il m'a fait peur. Alors mon cœur battait si vite que
j'étais obligé de remonter promptement à la surface pour reprendre mon
souffle. J'étais l'homme-grenouille de ma propre existence. C'est cette
exploration que je raconte ici. Je l'ai menée à ma manière, avec une témérité
dont je désespère de la modérer un jour, puisque à mon âge je n'y suis encore
jamais parvenu. juillet 1978
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