Coluche, une histoire vraie
EAN13
9782824601632
Éditeur
City Edition
Date de publication
Langue
français

Coluche, une histoire vraie

City Edition

Indisponible
Prologue 19 juin 1986. J’ai eu 15 ans il y a quelques jours à peine. Les
vacances d’été viennent tout juste de commencer. J’ai passé mon brevet des
collèges. Le certificat d’études, on appelait ça avant. Ces enfoirés du
ministère de l’Éducation nationale ont jugé bon de remettre cet examen au goût
du jour, et la première année il faut que ça tombe sur moi. M’en fous,
remarque, brevet ou pas, je passe en seconde. Et puis, ça y est, c’est l’été.
En fin d’après-midi, j’ai rendez-vous avec mon copain Florent, chez lui. Je
débarque, j’entre sans frapper. Comme d’habitude, Florent est dans la cuisine.
La radio est allumée. Chez lui, on écoute Europe 1 toute la journée. Florent
fait une drôle de tête. Il est assis. Il me demande : — T’es au courant ? —
Ben non, quoi ? — Coluche est mort ! Là, je lui dis d’arrêter ses conneries,
que franchement c’est pas drôle, et que, s’il tient vraiment à faire une
blague, il pourrait en trouver une moins con et moins cruelle. — Mais t’es con
ou quoi ? Écoute ! Il monte le son du petit poste. L’information tourne en
boucle. Je m’assois à mon tour, abasourdi, blême. Coluche est mort... Cette
anecdote est somme toute assez banale. Elle ne vient là que pour illustrer une
vérité, une évidence : tous ceux qui ont aimé Coluche savent exactement où ils
se trouvaient le jour et au moment où ils ont appris sa mort... Je ne fais pas
exception. La mort de Coluche a été un drame national, pour tous. Mais encore
plus pour les adolescents qui le regardaient comme un exemple, un frangin.
Coluche était le président de cœur des prolos, des sans-voix, des dérangés du
système, l’homme qui gueulait à l’oreille de tout le monde. Pourquoi murmurer
? On risque de ne pas se faire entendre ! Pendant une dizaine d’années, il va
secouer la France de bas en haut, du bas vers le haut, pour décoller la pulpe
qui reste désespérément au fond et qui semble s’accommoder de cette
stagnation, comme s’il n’y avait pas moyen d’aller voir ce qui se passe du
côté du goulot de la bouteille. Pourtant, cet homme qui, toute son existence,
se réclamera des pauvres, des incultes, des banlieusards n’est pas né
miséreux, il n’a juste pas eu de chance. Cette légende, il se la construira,
au fil des années, au fil des colères. Voici l’histoire d’un mec qu’on
n’oubliera pas de sitôt. 1 Du mauvais côté du périph « Je ne suis pas un
nouveau riche, je suis un ancien pauvre. » Michel Colucci a vu le jour dans
une
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