De Giscard à Sarkozy, Dans les coulisses de la Ve
EAN13
9782809802290
ISBN
978-2-8098-0229-0
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
POLITIQUE, IDEE
Nombre de pages
336
Dimensions
10 x 10 x 2 cm
Poids
448 g
Langue
français
Code dewey
324.244

De Giscard à Sarkozy

Dans les coulisses de la Ve

De

Archipel

Politique, Idee

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Un livre présenté par Stéphane Bugat

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Montréal, Québec, H3N 1W3.

ISBN 978-2-8098-0229-0

Copyright © Éditions de l'Archipel, 2009.

Sommaire

Page de titre
Page de Copyright
Dédicace
Epigraphe
AVANT-PROPOS
PREMIÈRE PARTIE - Giscard ou le destin manqué
1 - Une jeunesse en ligne droite
2 - Ministre des Finances

À Christine,
Éric, Jean-Marc, Xavier, Bertrand
et mes petits-enfants,

et à toutes celles et tous ceux dont j'ai croisé la route
et avec qui j'ai tenté de partager mon amour de la vie

« La lumière de la mémoire
hésite devant les plaies. »

Louis Aragon

AVANT-PROPOS

« Vous avez certainement beaucoup de choses à raconter. Vous devriez écrire un livre. » Cette suggestion m'a souvent été faite dans les semaines qui ont suivi la défaite de Valéry Giscard d'Estaing à l'élection présidentielle de 1981. À défaut d'être une des personnalités politiques les plus médiatisées, j'étais alors considéré comme un des acteurs importants de ce qu'on appelait la « Giscardie ». Président du groupe UDF à l'Assemblée nationale, j'avais été étroitement associé à la plupart des grandes décisions prises pendant le septennat. De plus, je figurais en bonne place parmi la poignée de femmes et d'hommes ayant fait le choix, au milieu des années 1960, de s'engager dans le sillage d'un jeune homme prometteur nommé Giscard. Avoir été si étroitement associé à son parcours sans fautes, soudain ponctué par un échec sévère et absurde à bien des égards, justifiait l'intérêt éditorial dont j'étais soudain l'objet. De la déception au ressentiment et du ressentiment à l'amertume, le pas est vite franchi, pensait-on probablement. Je devais donc être à point pour lâcher quelques croustillantes confidences.

Ce n'était pas le cas. Ayant toujours été loyal, je ne me voyais pas changer cette règle de conduite, une fois venu le temps mauvais. M'obstinant à préférer la vérité au mensonge, je n'avais nulle envie de livrer un récit plus ou moins maquillé. Surtout, je savais d'expérience que la compréhension des faits politiques implique un minimum de recul, sauf à vouloir la résumer à quelques obscures rancunes.

Si l'idée de me raconter a pu m'effleurer, j'ai jugé plus sage de « laisser du temps au temps », pour reprendre la formule de François Mitterrand. Je me suis surtout inspiré du conseil de Voltaire : « La vérité est un fruit qui ne doit être cueilli que s'il est tout à fait mûr. »

Entre-temps, j'ai essayé de poursuivre mon bonhomme de chemin, m'employant à exercer de mon mieux les fonctions que m'avaient confiées les électeurs. J'ai également suivi avec une certaine circonspection l'étrange entreprise d'autodémolition orchestrée par Giscard. Incapable de prendre la hauteur qui aurait pu lui permettre de retrouver la faveur des Français, cédant aux traits les plus puérils d'un orgueil blessé, celui qui avait été le plus talentueux de sa génération, ainsi qu'un chef d'État à la fois inventif et responsable, est insensiblement devenu une sorte d'étrange fantôme de la vie publique.

Les années ont passé. Aujourd'hui, la distance est suffisante pour porter un regard apaisé sur les choses.

Durant cinquante ans, j'ai côtoyé des personnages de premier plan et travaillé avec eux. J'ai vécu de la sorte quelques moments clés de notre Histoire. J'ai été élu maire, député, parlementaire européen, sénateur, n'oubliant jamais que cela me donnait plus de devoirs que de droits. J'ai également été un des artisans de la reconstruction d'un courant majeur de la droite française, indépendante, modérée, moderne, libérale et européenne. Un courant qui, sous le fanion des Républicains indépendants (RI), puis du parti républicain (PR), enfin de l'Union pour la démocratie française (UDF), a su ouvrir d'autres perspectives, face à la toute-puissance de ceux qui s'autoproclamaient héritiers du gaullisme, se montrant surtout adeptes d'une droite centralisatrice et dirigiste, que l'on qualifie communément de bonapartiste.

Depuis, la droite française a – provisoirement ? – lissé ses différences, pour se regrouper au sein d'un parti unique, l'Union pour un mouvement populaire (UMP), d'abord pour assurer la tranquillité du second mandat de Jacques Chirac, puis pour favoriser puissamment l'accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy.

Les pages qui suivent sont le récit de quelques temps forts d'un demi-siècle de vie politique, à travers les événements petits ou grands qui ont marqué ma propre histoire et s'imbriquent parfois dans la grande. Sans pour cela faire abstraction d'une évidence : la politique est d'abord affaire de femmes et d'hommes. Ce sont les relations humaines qui lui donnent sa chair et ajoutent aussi à sa complexité, car elles vont bien au-delà du spectacle qu'en donnent ceux qui sont concernés.

Avoir pu consacrer sa vie et sa carrière à l'action publique, sans être passé par l'ENA et Polytechnique, voilà bien, de nos jours, une singularité. Si seulement je pouvais convaincre quelques jeunes lecteurs que la politique non seulement les concerne, mais qu'elle a besoin d'eux pour échapper au formatage ! C'est en redonnant toute sa valeur au combat des idées, ce qui n'est en rien incompatible avec les principes de tolérance, que la politique retrouvera dans nos cœurs et nos esprits la place qui doit être la sienne.

Mais finalement pourquoi ai-je écrit ce livre ? Peut-être parce que, comme le disait La Rochefoucauld : « Nos doyens qui sont sages aiment à donner de bons conseils. Ils se consolent ainsi de n'être plus à l'âge de donner le mauvais exemple. »

PREMIÈRE PARTIE

Giscard ou le destin manqué

1

Une jeunesse en ligne droite

« Les hommes se distinguent par ce qu'ils montrent et se ressemblent par ce qu'ils cachent. »

Paul Valéry

Parmi les jeunes élus qui font leur entrée à l'Assemblée nationale en 1956, il sait se faire immédiatement remarquer. Valéry Giscard d'Estaing a tout juste trente ans lorsqu'il devient député du Puy-de-Dôme sur une liste d'indépendants et paysans. Dans ce département, il bénéficie de solides antécédents familiaux. Son prédécesseur, Jacques Bardoux, n'est autre que son grand-père maternel.

Polytechnicien et diplômé de l'ENA, Giscard est né à Coblence, où son père Edmond, inspecteur des finances et pur produit de la bourgeoisie auvergnate, s'initie à la diplomatie avant de se consacrer à une carrière dans la finance. La mère de Valéry, May née Bardoux, est la petite-fille d'Agénor Bardoux, avocat, ancien député-maire de Clermont-Ferrand et ancien ministre de l'Instruction publique et des Cultes, à ce titre prédécesseur de Jules Ferry dont il combattra la loi sur la laïcité. Selon la légende familiale, c'est elle qui influence précocement la vocation politique de son cadet.

Fraîchement élu, Giscard n'est pas tout à fait un débutant. Il a déjà fait ses classes (après un très bref séjour à l'Inspection générale des finances, à l'instar de son père) comme directeur adjoint du cabinet d'Edgar Faure, une des grandes figures de la vie politique, alors ministre des Finances et des Affaires économiques. Celui-ci le garde à ses côtés, à Matignon, lorsqu'il devient président du Conseil, de même que Jacques Duhamel1, son directeur de cabinet. Il y a pire parrainage pour s'initier à la vie publique, d'autant qu'Edgar Faure ne déteste pas jouer les pygmalions et suivra longtemps cette recrue du coin de l'œil. Évoquant le parcours de ses deux collaborateurs, ce dernier dira plus tard au journaliste Michel Bassi : « Jacques a trop appris de moi, Valéry pas assez. »

Ainsi Valéry Giscard d'Estaing, jeune homme distingué et sûr de lui, au physique élancé et à l'assurance tranquille, est-il déjà un bon connaisseur de l'appareil d'État. Il a aussi un don indiscutable pour rendre presque limpides les sujets les plus complexes. Ce talent de pédagogue lui sera fort utile tout au long de sa carrière.

J'ai l'occasion de m'en convaincre en le ...
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