Webern et l'art de l'aphorisme

Peu mais beaucoup. Rarement une formule a été aussi éloquente pour définir l'aphorisme wébernien que la dédicace qui accompagne la première édition des Bagatelles pour quatuor à cordes. Quant à Schoenberg, il avait préparé le public à cette brièveté (4') en déclarant : " Imaginez quelle sobriété il faut pour être bref. " La durée est donc le premier critère de définition de l'œuvre de Webern qui, tout en montrant une propension à la brièveté, était conscient de sa difficulté à écrire " long ".
" Aphorisme : le plus petit tout possible ", une définition de Robert Musil qui à elle seule pourrait caractériser la position d'Anton Webern, notamment dans la période précédant la Première Guerre mondiale où il explore un monde sonore inouï dans des œuvres concentrant le discours musical en quelques instants. Plus que le résultat d'un choix personnel, les œuvres aphoristiques du compositeur, telles que les célèbres " Bagatelles pour quatuor à cordes ", sont l'illustration d'une exigence et d'une quête personnelle l'ayant conduit à inventer une musique constamment " au bord du silence " et dont l'expressivité et le pouvoir de séduction sont fascinants. La collection " Analyse et esthétique " s'adresse tant aux mélomanes qu'aux étudiants ou aux professeurs. Elle propose la synthèse d'une démarche stylistique illustrée par de nombreux tableaux et exemples musicaux commentés.