Du temps et des hommes

Toute vie s’inscrit dans le Temps. L’homme, être singulier doté d’un regard sur soi, en prend conscience et en enregistre l’expérience dans sa mémoire. La connaissance du Temps qui en résulte est le fruit d’une activité du système nerveux dont les progrès de la physiologie et les enseignements de la pathologie permettent de reconstituer les étapes. Temps subi, Temps vécu, Temps représenté, Temps compté, Temps maîtrisé engagent des structures nerveuses distinctes, au point qu’il est légitime de voir dans les étapes de cette invention du Temps entrelacée à la prise de possession de l’Espace les moments d’une intégration par niveaux dont le fonctionnement conjugué sous-tend la Conscience du Temps. Mais l’homme, animal social, ne cesse d’échanger avec ses semblables. L’invention personnelle que chacun opère est sans cesse confrontée à l’expérience accumulée des générations. Le Temps de l’homme rencontre ainsi le Temps des Hommes. Ainsi naît le Temps social : Temps de la loi, Temps de la coutume et des religions, Temps des philosophes et Temps de la science. Lieu de cette convergence de la nature et de la culture, le cerveau de l’homme intervient comme l’indispensable médiateur. Enfin, la création comme la fréquentation des œuvres d’art ouvre sur un jeu incessant de l’esprit avec le Temps qui, pour être mené à bien, suppose une gestion harmonieuse de l’activation relative des hémisphères cérébraux. Dans cet ouvrage, écrit dans la droite filiation de l’œuvre d’Henri Bergson, Jean Cambier élève la biologie au rang d’art et nous aide à comprendre sur la base des connaissances scientifiques les plus récentes ce qui fait le mystère du Temps et de sa perception.