- EAN13
- 9782267023367
- ISBN
- 978-2-267-02336-7
- Éditeur
- Christian Bourgois
- Date de publication
- 19/04/2012
- Collection
- Titres
- Nombre de pages
- 128
- Dimensions
- 17,8 x 10,8 x 0,8 cm
- Poids
- 108 g
- Langue
- français
- Langue d'origine
- anglais
- Code dewey
- 306.9
La solitude des mourants
quelques problèmes sociologiques
De Norbert Elias
Traduit par Sibylle Muller, Claire Nancy
Christian Bourgois
Titres
« Jamais la mort n’a été aussi discrète, aussi hygiénique qu’elle l’est aujourd’hui, et jamais aussi solitaire. »
Si la dissimulation et le secret qui entouraient jadis le domaine sexuel se sont heureusement relâchés, les tabous sociaux se sont déplacés et singulièrement renforcés en ce qui concerne la mort. L’attitude pusillanime de refus et de gêne qui entoure aujourd’hui la fin d’un être humain est tout à fait comparable à celle qui prévalait dans le domaine sexuel à l’époque victorienne. Telle est la thèse que développe Norbert Elias dans ce livre.
Norbert Elias (1897-1990), écrivain et sociologue, est né en Allemagne en 1897 dans une famille juive. Après des études de médecine et de philosophie, il se tourne vers la sociologie, puis enseigne en Angleterre où il se réfugie en 1935 pour fuir le nazisme. Il y écrit Sur le processus de civilisation. Il demeure en Angleterre jusqu'à sa retraite. Il obtient en 1954 un poste d'enseignant à l'Université de Leicester. Ce n'est qu'à partir des années 60 que ses ouvrages sont traduits en français : ils portent sur l'histoire de l'autocontrôle de la violence et l'intériorisation des émotions, et révolutionnent la sociologie. En 1975, il s'installe à Amsterdam et devient peu à peu célèbre, notamment grâce à la parution de son œuvre en poche. Il reçoit le Prix Theodor W. Adorno en 1977. Il meurt à Amsterdam en 1990.
Initialement paru en 1998, ce livre, aujourd’hui reproposé au format de poche, n’a rien perdu de son actualité.
« La description de Norbert Elias n’a rien d’apocalyptique, c’est le constat de l’échec auquel se heurte les sociétés développées pour prendre en charge les problèmes de la mort. […] Aujourd’hui on meurt proprement, loin de la famille. […] Même le cimetière ne représente plus qu’un « espace vert urbain » livré à quelques jardiniers experts qui s’occupent de fleurir les tombes. […] « Peut-être devrait-on parler plus ouvertement de la mort, par exemple en cessant de la présenter comme un mystère. La mort ne présente aucun mystère. Elle n’ouvre aucune porte. Elle est la fin d’un être humain. » » (Roland Jaccard, Le Monde)
« Comment « trouver ce que les hommes peuvent faire pour permettre aux autres hommes de mourir facilement et paisiblement » ? Elias offre des pistes de réflexion. Notre approche de la mort est en relation avec l’idée que nous nous faisons de la nature (qui serait bonne et bienveillante comme une mère) et de nous—mêmes (chacun de nous existerait pour soi et dans une indépendance absolue par rapport aux autres). Un seul homme n’est rien sans l’humanité. C’est d’elle qu’ont besoin les mourants. Dont nous avons, dont nous aurons besoin… » (Jean-Luc Porquet, Le Canard Enchaîné)
« Oui, je me suis intéressé à la mort en tant que sociologue. L’observation montre que dans nos sociétés, bien plus qu’auparavant, on laisse les gens mourir seuls. Nous sommes embarrassés par la présence de la mort dans notre entourage. Nous ne savons plus nous comporter face à quelqu’un qui va mourir. Nous ne savons plus quoi lui dire. Alors que dans les sociétés antérieures, parfois même récentes, il existait une sorte de code de conduite. Le rapport avec le mourant était plus formalisé qu’aujourd’hui, il était réglé par tout un ensemble d’institutions. Il y avait la famille autour du lit, les rituels religieux… Ces manières prescrites d’agir ont disparu et nous n’avons pas inventé de nouvelles formes pour les remplacer. On laisse les gens mourir à l’hôpital, seuls, derrière une vitre. […] Comme je l’ai montré, le processus de civilisation passe par un développement de la contrainte, et notamment du contrôle de soi-même, de l’autocontrainte. Du Moyen-âge à nos jours, nous avons vécu une très grande intériorisation des contraintes, avec un contrôle de plus en plus poussé des pulsions, des passions, et donc de la violence quotidienne. Mais l’envers de ce processus d’autocontrôle, c’est que nous ne supportons plus les situations qui provoquent des émotions trop fortes. Or le spectacle de l’agonie, évidemment, la mort d’un proche, sont des situations de ce genre. Et par conséquent, au moment où l’être humain a le plus besoin des autres, nous le laissons dans la solitude. » (Propos recueillis par Didier Eribon pour Le Nouvel Observateur)
Si la dissimulation et le secret qui entouraient jadis le domaine sexuel se sont heureusement relâchés, les tabous sociaux se sont déplacés et singulièrement renforcés en ce qui concerne la mort. L’attitude pusillanime de refus et de gêne qui entoure aujourd’hui la fin d’un être humain est tout à fait comparable à celle qui prévalait dans le domaine sexuel à l’époque victorienne. Telle est la thèse que développe Norbert Elias dans ce livre.
Norbert Elias (1897-1990), écrivain et sociologue, est né en Allemagne en 1897 dans une famille juive. Après des études de médecine et de philosophie, il se tourne vers la sociologie, puis enseigne en Angleterre où il se réfugie en 1935 pour fuir le nazisme. Il y écrit Sur le processus de civilisation. Il demeure en Angleterre jusqu'à sa retraite. Il obtient en 1954 un poste d'enseignant à l'Université de Leicester. Ce n'est qu'à partir des années 60 que ses ouvrages sont traduits en français : ils portent sur l'histoire de l'autocontrôle de la violence et l'intériorisation des émotions, et révolutionnent la sociologie. En 1975, il s'installe à Amsterdam et devient peu à peu célèbre, notamment grâce à la parution de son œuvre en poche. Il reçoit le Prix Theodor W. Adorno en 1977. Il meurt à Amsterdam en 1990.
Initialement paru en 1998, ce livre, aujourd’hui reproposé au format de poche, n’a rien perdu de son actualité.
« La description de Norbert Elias n’a rien d’apocalyptique, c’est le constat de l’échec auquel se heurte les sociétés développées pour prendre en charge les problèmes de la mort. […] Aujourd’hui on meurt proprement, loin de la famille. […] Même le cimetière ne représente plus qu’un « espace vert urbain » livré à quelques jardiniers experts qui s’occupent de fleurir les tombes. […] « Peut-être devrait-on parler plus ouvertement de la mort, par exemple en cessant de la présenter comme un mystère. La mort ne présente aucun mystère. Elle n’ouvre aucune porte. Elle est la fin d’un être humain. » » (Roland Jaccard, Le Monde)
« Comment « trouver ce que les hommes peuvent faire pour permettre aux autres hommes de mourir facilement et paisiblement » ? Elias offre des pistes de réflexion. Notre approche de la mort est en relation avec l’idée que nous nous faisons de la nature (qui serait bonne et bienveillante comme une mère) et de nous—mêmes (chacun de nous existerait pour soi et dans une indépendance absolue par rapport aux autres). Un seul homme n’est rien sans l’humanité. C’est d’elle qu’ont besoin les mourants. Dont nous avons, dont nous aurons besoin… » (Jean-Luc Porquet, Le Canard Enchaîné)
« Oui, je me suis intéressé à la mort en tant que sociologue. L’observation montre que dans nos sociétés, bien plus qu’auparavant, on laisse les gens mourir seuls. Nous sommes embarrassés par la présence de la mort dans notre entourage. Nous ne savons plus nous comporter face à quelqu’un qui va mourir. Nous ne savons plus quoi lui dire. Alors que dans les sociétés antérieures, parfois même récentes, il existait une sorte de code de conduite. Le rapport avec le mourant était plus formalisé qu’aujourd’hui, il était réglé par tout un ensemble d’institutions. Il y avait la famille autour du lit, les rituels religieux… Ces manières prescrites d’agir ont disparu et nous n’avons pas inventé de nouvelles formes pour les remplacer. On laisse les gens mourir à l’hôpital, seuls, derrière une vitre. […] Comme je l’ai montré, le processus de civilisation passe par un développement de la contrainte, et notamment du contrôle de soi-même, de l’autocontrainte. Du Moyen-âge à nos jours, nous avons vécu une très grande intériorisation des contraintes, avec un contrôle de plus en plus poussé des pulsions, des passions, et donc de la violence quotidienne. Mais l’envers de ce processus d’autocontrôle, c’est que nous ne supportons plus les situations qui provoquent des émotions trop fortes. Or le spectacle de l’agonie, évidemment, la mort d’un proche, sont des situations de ce genre. Et par conséquent, au moment où l’être humain a le plus besoin des autres, nous le laissons dans la solitude. » (Propos recueillis par Didier Eribon pour Le Nouvel Observateur)
S'identifier pour envoyer des commentaires.
Autres contributions de...
-
Moyen âge et procès de civilisationNorbert EliasEHESS – Ecole des hautes études en sciences sociales9,99
-
Émergences de la théâtralité, Eschyle, sénèque, gabilyDespoina NikiforakiPresses universitaires du Midi
-
L'Ordre caché de l'art, Essai sur la psychologie de l'imagination artistiqueAnton EhrenzweigGallimard