Le Secret du peintre Ostende

«Cela commença ainsi le lendemain matin, le jour clair venait de s'annoncer et il me semble aujourd'hui que rien n'aurait pu se produire d'une autre façon. Des pieds et des mains fébriles poussaient mon sommeil vers l'extérieur, ils le déformaient sans cesse comme un ventre de femme enceinte et je fus soulagée d'ouvrir les yeux. Je ne compris pas tout de suite que c'était à cause de la détonation, il me fallut d'abord entendre les suivantes. Je crus crier le nom d'Ostende en repoussant les draps dans l'air gelé mais je le chuchotai seulement, l'effort de respirer capturait toutes mes forces. Il était embusqué derrière la fenêtre du couloir et il fermait les yeux quand il tirait, le canon de son fusil se relevait alors vers le ciel et cela me soulagea. Je jetai un coup d'œil dans la cour tout de même. Pas de sang du tout.»
Née en 1970, Anne-Constance Vigier est professeur de mathématiques et vit à Paris. Le secret du peintre Ostende est son premier roman.