Entre guerre et paix

Se sachant atteint d'une grave maladie, l'auteur, Palestinien, a voulu retourner à Jérusalem où il est né en 1922. Quatre ans plus tard, après les accords de Madrid, il y retourne accompagné de son fils. Il publie les deux récits de ces voyages qui ne sont ni un réquisitoire, ni un cri de colère, mais le regard lucide d'un homme confronté à l'injustice, qui a mal à sa patrie.

" Qu'est-il allé chercher là-bas ? Tous les exilés connaissent cette inquiétude ; puisque je ne vis plus là où je suis né, suis-je entièrement moi-même ? Ne me manque-t-il pas la clé d'un secret, que je pourrais y retrouver et ramener dans ma nouvelle patrie ? N'y a-t-il pas une pièce ignorée du puzzle que constitue mon identité ? Si j'étais resté au pays je serais devenu tout autre ; cette possibilité même donne le vertige. Qui suis-je, pour de vrai ? Si mes enfants ignorent tout du pays d'où je viens, pourront-ils devenir, eux mêmes, ce qu'ils doivent être ?
Dans un conflit qui dure depuis plusieurs générations, Saïd ne présente pas une solution à laquelle, par miracle tous les partis pourraient souscrire. Il fait moins et plus ; plutôt que de nous bercer d'un espoir, il nous offre un visage, le sien, celui d'un individu qui souffre et compatit, rit et pleure. Le visage humain est un fragile rempart contre la guerre ; mais il en est un, et des plus précieux. "
- Tzvetan Todorov