Une enfance tibétaine
EAN13
9782845921351
ISBN
978-2-84592-135-1
Éditeur
Presses du Châtelet
Date de publication
Collection
TEMOIGNAGE, DOC
Nombre de pages
240
Dimensions
22,5 x 14 cm
Poids
337 g
Langue
français
Code dewey
305.895
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DU MÊME AUTEUR

Le Moine rebelle, Plon, 1998.

Un livre présenté par Éric Lebec.

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eISBN 978-2-8459-2534-2

Copyright © Presses du Châtelet, 2005.

À toutes les Mo-la du Tibet.

AVERTISSEMENT

Le lecteur trouvera ci-dessous, en guise de présentation, les noms familiers des membres de ma famille et de quelques autres habitants de Pomdo qui jouèrent un rôle de premier plan au cours de mon enfance :

Grand-mère : Mo-la.

Maman : Ama-la.

Papa : Chotil (Pa-la).

Grand frère aîné : Choto.

Grand frère ami : Nyiko.

Sœur aînée : Ané.

Mes meilleurs copains : Makhopa, Nonorpa, Metipa.

Notre maître d'école cruel et sadique : Choko, dit Shangor Lothe (tête à l'est, regard au sud).

Le « croque-mort » du village (ragyapa en tibétain) : Lowan.

Un vieux sage du village, qui nous apprit à jouer aux osselets : Pelingsten.

Le chef du comité du village, fonctionnaire communiste : Lodrolpa.

Préface

LE DALAÏ-LAMA

L'enfance villageoise de Tenzin Kunchap, telle qu'il la dépeint dans ce livre, nous révèle une période cruciale de l'histoire du Tibet, celle des années 70 et du début des années 80, cette époque où les anciens modes de vie furent brutalement remis en cause.

Le pays subissait la dictature de Mao Zedong, qui régnait jusque sur la plus petite parcelle de terre cultivable et surveillait ce que chacun pensait de son voisin. Les restrictions imposées par la Révolution culturelle pesaient encore lourdement et de nombreuses coutumes et cérémonies étaient prohibées.

Or, malgré leur interdiction, ces pratiques subsistaient dans les mémoires. Ainsi, à la fin de la Révolution culturelle, et plus encore après la mort de Mao, la plupart de ces coutumes fort anciennes – telle la célébration de la nouvelle année ou celle qui consiste à brûler des branches de genévrier en hommage à la vie et à la compassion – furent peu à peu rétablies.

Tout cela, les jeunes de la génération de Tenzin Kunchap ne se le rappellent guère. La plupart d'entre eux se sentaient comme un fétu de paille ballotté entre la modernisation à marche forcée imposée par les Chinois et la vie ancrée dans les valeurs traditionnelles à laquelle tenaient leurs aînés.

La famille de Tenzin Kunchap était l'une de ces familles typiquement tibétaines où les enfants ne savaient trop que penser. Malgré tout, les parents subvenaient aux besoins du foyer et s'efforçaient de pallier les difficultés du quotidien.

Les grands-parents, les grand-mères en particulier, savaient toutefois à quoi s'en tenir. Fidèles à leur vie d'autrefois, elles transmettaient cet attachement aux enfants au moyen de contes dont elles emplissaient leurs oreilles.

Tenzin Kunchap, à son tour, nous transmet les histoires de sa Mo-la. Elles ponctuent son récit et soulignent le contraste éclatant qui sépare le monde de la grand-mère de celui de son petit-fils.

Je n'ai jamais cessé de penser que ceux qui, à l'étranger, se préoccupent du sort du Tibet devraient en appréhender la réalité sur le terrain, afin de se faire par eux-mêmes une idée des changements qui s'y sont produits.

La décision de Tenzin Kunchap, comme celle de tant de ses semblables, de courir les dangers de l'exil en quête d'une vie différente, se passe de commentaires. S'il ne s'y était résolu, serait-il à même, aujourd'hui, de nous montrer, avec l'émotion qui transparaît à la lecture de son récit Une enfance tibétaine, combien les fortunes diverses du Pays des Neiges, ces dernières décennies, ont bouleversé la vie des gens ordinaires qui le peuplent ?

Tenzin Gyatso,
quatorzième dalaï-lama

Avant-propos

UN TIBÉTAIN À PARIS

J'ai fait la connaissance de Tenzin un jour de l'été 1992. Robert, un ami britannique de ma sœur, lui avait fait traverser les airs jusqu'à Paris. Après avoir fui son pays natal, une épopée qu'il a racontée dans un précédent livre1, il était une fois de plus en exil, cette fois de l'Inde où il avait trouvé refuge dans un monastère.

Je ne sais si Tenzin a voulu connaître l'Occident, ou si Robert a fait germer cette idée dans sa tête. Toujours est-il que lorsqu'il est arrivé chez nous, béni par le dalaï-lama, Tenzin se sentait toujours moine et à des années-lumière de cet étrange pays qui est le nôtre.

Robert occupait un petit appartement et Tenzin cherchait un asile. Il le trouva quelques mois dans notre maison d'Asnières. La cohabitation n'était pas évidente, pour des raisons linguistiques mais aussi parce que mes enfants, adolescents, ne manifestaient d'intérêt ni pour le Tibet, ni pour le bouddhisme. Quant à notre hôte, il était le plus souvent dehors, poursuivant des activités mystérieuses dont il ne cherchait pas à nous faire part. Auprès de moi, pourtant, il trouvait un refuge, m'appelait « maman », exécutait à mon intention quelques danses et chants sacrés et, me voyant souvent occupée à mes fourneaux, me chantait les mérites de la tsampa2, seule nourriture digne de ce nom à ses yeux.

Puis Tenzin trouva un appartement à Paris. Pris en main par la communauté tibétaine de la capitale, il se consacra au récit de sa fuite de Lhassa, de ses séjours dans les prisons communistes et des épisodes dramatiques de sa traversée de l'Himalaya, du Tibet au Népal.

Aussitôt après est venue la reconnaissance. La parution du Moine rebelle a valu à Tenzin plusieurs passages à la télévision, des rencontres avec de nombreux journalistes et diverses célébrités. En 2000 lui a été décerné le prix Rachid-Mimouni, qui récompense les auteurs dont l'histoire personnelle ou l'engagement délivre un message de paix, de tolérance et de fraternité.

Bon an mal an, nous étions restés en relation. Tenzin appréciait l'atmosphère familiale et souhaitait « faire quelque chose » avec moi. D'où ce livre, qui n'est pas le récit d'une évasion que d'autres ont tentée avant et après lui, mais qui rassemble les souvenirs d'une enfance tibétaine comme il n'y en aura sans doute plus. Une enfance coincée entre le silence d'une famille dont la foi et les croyances furent mises sous le boisseau et la rigueur d'un régime autoritaire subi par des parents contraints au silence par crainte de la répression. C'est l'histoire d'un peuple paisible troublé dans ses coutumes, malmené par une idéologie étrangère, appauvri par des innovations catastrophiques pour une économie jadis assez prospère. C'est l'histoire d'un enfant parmi tant d'autres, auquel est imposée une vision du monde constituée de héros, d'un guide tout-puissant, qui offre un certain accès à la culture, et à laquelle il est facile d'adhérer quand on est petit... mais qui n'est pas la sienne. Cet enfant, chaque jour, regagne un foyer où l'on essaie de vivre comme avant, de faire abstraction du présent, où seule la grand-mère accepte encore, de temps en temps, de lever pour ses petits-enfants le voile du souvenir et de la tradition.

Je n'ai pas toujours cru les anecdotes que me racontait Tenzin. Jusqu'au jour où je suis allée voir par moi-même ce qu'il en était, quinze ou seize ans après son départ. Le Lhassa d'aujourd'hui m'a réservé bien des surprises, mais le Tibet de Tenzin est toujours là, malgré l'envahisseur et les tentatives de normalisation émanant du régime de Pékin. L'âme tibétaine s'est sans doute repliée pour un temps, mais ses racines sont solidement ancrées dans le sol. Elles ont résisté à l'extraction, et les Chinois ont fini par comprendre qu'elles demeureront.

Aujourd'hui, Tenzin vit à Paris. Il est indépendant. Il a créé une association qu'il a baptisée de son prénom, Akönpa. Son objectif : organiser des jeux sportifs regroupant des disciplines non représentées aux olympiades officielles. La préparation est longue et difficile, mais il y croit. Il a un but. Il aboutira peut-être un jour.

Nanon GARDIN

1.Le Moine rebelle, Plon, 1998.

2.Tsampa est à la fois le nom de la farine d'orge grillée et de la préparation dont elle est l'ingrédient de base.

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UNE VOCATION PRÉMONITOIRE

Apprends comme si tu devais vivre pour toujo...
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