Lindbergh, l'ange noir
EAN13
9782841876051
ISBN
978-2-84187-605-1
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Histoire
Nombre de pages
978
Dimensions
10 x 10 x 2 cm
Poids
1323 g
Langue
français
Code dewey
629.13

Lindbergh, l'ange noir

De

Archipel

Histoire

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DU MÊME AUTEUR

Dassault, Douglas, Boeing et les autres, Jean Picollec, 1979.

Les Métiers de l'aéronautique, Marcel Valtat, 1982.

Il était une foi, Mermoz, Jean Picollec, 1986 ; rééd. 2001.

Le Dernier Vol de Guynemer, Acropole, 1991.

Les Aviatrices, L'Archipel, 1993.

Histoire de l'aviation, Flammarion, 1997 ; rééd. 2001.

Jean Mermoz, défricheur du ciel (correspondance établie et présentée par Bernard Marck), L'Archipel, 2001.

Hélène Boucher, la fiancée de l'air, L'Archipel, 2003.

Dictionnaire universel de l'aviation, Tallandier, 2005.

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eISBN 978-2-8098-1305-0

Copyright © L'Archipel, 2006.

À maman,
et à la mémoire de mes grands-parents,
André et Renée Rosman,
Lucien et Marie Marck.
À Catherine

Préface

Je n'ai jamais rencontré Charles A. Lindbergh dont, puisqu'il fut mon beau-père, je porte pourtant le très célèbre patronyme.

Expliquer en détail pourquoi je ne l'ai jamais vu en personne et pourquoi nous ne nous sommes jamais parlé, demanderait que j'accorde de l'importance à ce qui n'en eut que fort peu. Que pèserait, d'ailleurs, cette anecdote au regard du personnage et de ses prodigieuses qualités ? Fascinant comme un cerf et secret comme un chat sauvage, épris de liberté mais tout autant d'ordre et de méthode, génial et maniaque, très intelligent mais buté – en un mot : humain, au sens noble du terme –, j'en sais suffisamment sur cet homme pour n'en parler jamais qu'avec respect et affection. Et si parfois je songe à ses quelques travers, cela me fait sourire malicieusement, comme font sourire les petites manies de ceux que l'on aime beaucoup.

Sans doute, d'ailleurs, en sais-je bien plus long sur lui que si nous avions tous deux participé à d'assommantes et conventionnelles réunions de familles où nous eussions échangé des banalités sans jamais vraiment nous connaître.

J'ai dû découvrir peu à peu mon beau-père à travers mon mari et ses frères et sœurs, suivre ses traces dans leur personnalité, rechercher sa profonde empreinte dans leur âme et écouter l'écho de ses propos vibrer dans leurs souvenirs et dans leur voix. Et l'homme à la fois mythique et charnel que j'ai découvert ainsi m'a été profondément sympathique, car ce qu'il y avait de bien – et de rare – chez mes beaux-frères et belles-sœurs, provenait de toute évidence de la qualité d'âme qu'il leur avait transmise.

J'ai toujours compris mon beau-père, même si ses rapports depuis toujours difficiles avec Scott, mon mari, devinrent franchement orageux à la suite de notre mariage, pour lequel nous avions omis de demander sa permission. Les calomnies (manipulations) d'un jeune malfaisant ne furent, en fait, que le déclencheur d'un conflit ancien qui, soudain réveillé, allait séparer le père et le fils comme les pôles positifs de deux puissants aimants que l'on essaie de rapprocher, mais qui se repoussent parce qu'ils sont trop pareils.

Tous deux farouchement indépendants comme seuls savent l'être les animaux sauvages qui n'obéissent qu'aux lois naturelles fondamentales de leur espèce, tous deux se donnant à de grands desseins, excédés tous deux par la trivialité du tapage médiatique qu'entraîne dans son sillage toute aventure singulière, ils étaient, en fait, frères au regard des étoiles.

Lorsqu'il mourut d'un cancer en 1974, Charles Lindbergh menait depuis plus de trente ans un combat qu'à juste titre il estimait capital : sauver la nature menacée, empêcher la destruction des espèces végétales et animales, et, au passage, préserver les cultures encore existantes des peuples primitifs (ceux que l'on nomme « ethnies minoritaires »): bref, empêcher le monde actuel, barbare entre tous, de briser à jamais l'harmonie entre les diverses composantes de la nature, jusqu'à éteindre la vie sur terre. À cette bataille, il s'est donné corps et âme, et même si les médias omettent la plupart du temps de le mentionner. Ce fut vraiment sa bataille essentielle – et la plus longue.

De la baleine à l'Amérindien d'Amazonie, il s'agissait de sauver toute la vie sauvage et sa beauté : seule, la démesure d'un tel combat était à la mesure de Charles Lindbergh. Cet homme trop célèbre qui n'aspirait qu'à une vie très simple et discrète, au point de s'évader souvent de son existence « officielle » pour se réfugier dans quelques jardins secrets (que l'on ne découvrirait partiellement que trente ans après sa mort), acceptait pourtant qu'on utilisât, en faveur de la nature menacée, son nom, sa charismatique présence et le prestige résultant de sa traversée de l'Atlantique. La gloire qui lui avait coûté le rapt et la mort de son premier fils, et qui ne lui avait laissé depuis lors aucun répit, devait servir à une cause vraiment essentielle, à un but sacré, celui de la préservation de notre planète...

Grâce aux dieux, quelques semaines avant sa mort, j'ai réussi à jeter Scott dans un avion pour les États-Unis (nous vivions en Dordogne). Ainsi a-t-il pu enfin revoir son père. Cette rencontre fut vraiment de l'ordre de la grâce, car Charles Lindbergh comprit alors que le mouton noir de la famille obéissait à des mobiles justes, suivait une voie honorable et – peut-être mieux qu'un fils plus docile – se donnait farouchement aux mêmes valeurs que lui-même... Je crois qu'il en fut soulagé et heureux. Devant ce moment de vraie reconnaissance entre père et fils, tout le reste s'effaçait : ce fut une vraie rencontre. Pour Scott, elle fut décisive car, avant tout, il aimait son père. Il de devait jamais montrer à son égard la moindre colère ni la moindre incompréhension.

En lui, ni d'ailleurs en aucun de ses frères et sœurs, je n'ai jamais décelé cette secrète jalousie freudienne dont j'ai si souvent observé les dégâts chez les enfants de célébrités. Que ni John, ni Land, ni Anne, ni Reeve, ni Scott, ni, à ma connaissance, aucun de ses fils ou filles naturels n'ait voulu devenir aviateur éclaire singulièrement la manière dont ils furent élevés par leur père. Comme l'a écrit Antoine de Saint-Exupéry dans Terre des hommes : « L'avion, ce n'est pas une fin, c'est un moyen. Ce n'est pas pour sa charrue que le paysan laboure. Mais par l'avion, on quitte les villes et leurs comptables, et l'on retrouve une vérité paysanne1. On fait un travail d'homme et l'on connaît des soucis d'homme. On est en contact avec le vent, avec les étoiles, avec la nuit, avec le sable, avec la mer. On ruse avec les forces naturelles... et l'on cherche sa vérité dans les étoiles. »

Tout est dit en quelques phrases. L'aviation aura été, pour Lindbergh comme pour Saint-Exupéry, un moyen merveilleux de trouver sa vérité dans les étoiles. Pus tard, tandis qu'il élevait ses enfants, son travail était devenu de sauver la nature, de la défendre comme un homme défend sa mère et protège sa fille.

Si aucun enfant Lindbergh n'éprouve de fascination haineuse pour un père trop célèbre, c'est que la gloire du héros n'a joué aucun rôle dans ce qui leur fut transmis, à savoir la « vérité paysanne » d'un très bon père.

Dans les sociétés de primates non humains, si agaçantes soient parfois les décisions impérieuses du mâle dominant, il est toujours aimé des siens, même de ceux qui se rebiffent. C'est par l'affection qu'il leur inspire qu'il se les attache et les mène. Ainsi, sans aucun doute, tous les enfants de Charles Lindbergh ont profondément aimé leur père, parce qu'il était, simplement, un vrai père.

Pour ce qui est des multiples événements qui ont jalonné la vie d'un homme considéré tantôt comme un rayonnant archange, tantôt comme un ange déchu et qui, durant un long parcours tumultueux, ne cessa jamais d'être lui-même, Bernard Marck les raconte avec talent, beaucoup de tact et de pudeur, et toute l'objectivité d'un historien digne de ce nom. Maîtrisant chaque épisode de cette puissance saga américaine, riche en rebondissements et en passions – où rien n'est banal, jamais –, il dégage ainsi peu à peu, de l'ombre autant que d'une lumière trop éclatante, un...
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