Ce livre est réellement difficile à définir car j'ai eu l'impression que l'auteur n'a pas choisi non plus la nature de son œuvre ....un roman ? un roman historique ? un récit journalistique ? un écrit philosophique .
Dans ce livre l'auteur touche à tout , mais surtout en ayant l'ambition de relater des pans d'Histoire d'un siècle entier , marqué par les drames mondiaux, à travers un récit épique et familial , il choisit de passer d'une époque à une autre , d'un personnage à l'autre , d'un côté du monde à l'autre ...on est comme dans un jeu de billard ...on ricoche sur les bandes ...on a le tourni ...j'ai eu parfois l'impression que l'écrit avait été rédigé en parts bien distinctes , qui furent découpées par la suite et repositionnées dans un nouveau montage (?) ...très curieux et cela nuit à la fluidité du texte .
L'auteur s'est peut-être trop identifié à son personnage principal , qui est perdu dans ses réflexions et à la recherche du démon intérieur qu'il voudrait identifier .

On est d'autant plus surpris que souvent Thierry Hesse s'appuie sur des détails parfois très violents -qui ne me semblait pas nécessaire surtout écrit avec tant de précisions , en tout cas en ce qui me concerne ....
Il faut toutefois reconnaitre que de longs chapitres sont très bien écrits et dignes d'intérêt ; mais malheureusement le découpage , et les allers retours dans le temps , coupent cet élan prometteur !

Comme vous pouvez le lire mon avis est très nuancé , cependant ce n'est pas un livre que je déconseille car le phrasé de l'écriture est plutôt agréable et de belle qualité mais c'est le découpage de l'œuvre qui m'a fortement gêné;d'autres n'en seront peut-être pas perturbés !?

Je lis de nombreux livres , les mots me viennent d'ordinaire facilement pour mettre en avant un livre ou au contraire dire ce qui m'a moins plu ; mais devant ce livre me voici bouche bée ....tout comme cette extase qui m'a envahie, mêlée d'une légère frustration lorsque la dernière ligne fut lue !
C'est réellement une merveille d'écriture ...aucun mot ne pourrait être assez fort pour décrire ce roman ...un roman sur l'amitié , sur l'émotion, sur la jeunesse de deux hommes de la fin des années 50 aux années 70....Philippe Besson laisse toute la place à ses personnages , et les laisse s'élever jusqu'à nos cœurs !
Une vraie réussite !

« Si je m’allongeais sur le divan d’un psy , comme on le fait un peu partout dans ce pays , j’en découvrirais sans doute de bonnes.
Mais je ne me couche pas : j’écris . »

Ce livre commence en état de grâce ….on se dit waouh…j’ai une pépite entre les mains ….le rythme et le texte sont sautillants , les idées neuves même si la rencontre entre un homme et une femme peut paraître banal.
Grâce au texte brillant de Foenkinos , cette rencontre suscite un vif intérêt ..et puis patatras ..David Foenkinos prend une toute autre direction ..on pourrait se dire « pourquoi pas ? » mais malheureusement par la suite l’histoire n’est plus à la hauteur des débuts voltigeants du livre .

Les personnages et les situations me laissent perplexe et surtout je suis déçue par la direction de l’histoire , un peu tarabiscotée . Un bon point toutefois pour les notes d’humour , au propre comme au figuré , pour certains passages très bien écrits (voir ci dessous )et pour les 30 premières pages que j’ai adorées.

Extraits du livre :

« une de ses amies lui avait dit : «personne ne t’arrête jamais , car tu as l’allure d’une femme poursuivie par le temps qui passe."

"Ils étaient seuls dans le tourbillon des mélodies et des valses.Il faut tourner le plus longtemps possible dissait-til , tourner à ne plus savoir où aller. Elle ne psait plus à rien . la vie était pour la première fois vécue dans sa densité unique et totalitaire : celle du présent ."

"Alors , pourquoi éprouvait-il un si fort besoin de faire marche arrière ? Il fallait surement y voir quelque chose de simple, et que l’on peut définir ainsi : la peur du bonheur.
On dit que l’on voit les plus beaux moments de sa vie défiler avant de mourir . Il paraît aussi plausible que l’on puisse voir les ravages et ratages du passé défiler au moment où le bonheur est là , devant nous, avec un sourire presque inquiétant ."

"Il avait envie de partir vers une destination inconnue . Rien n’était tragique. Il savait qu’il existait des navettes entre l’île de la souffrance , celle de l’oubli , et celle , plus lointaine encore , de l’espoir."

"Il en avait marre de la Suède et des Suédois. De leur habitude stressante de toujours tenter d’être calmes. De ne jamais crier au téléphone. Cette façon d’être zen, et de proposer aux employés des massages. Tout ce bien-être commençait à lui taper sur les nerfs. L’hystérie "

« Flic infiltrée dans les rangs de la pègre , Béatrice Rapaic endure sa difficile confition de femme parmi les mercenaires du crime.
Le parrain se fait vieux, une guerre des gangs s’annonce. Dans cette ambiance crépusculaire rôde Asano , tueur implacable qui serait doté de facultés surhumaines.
Béatrice est envoyée en première ligne pour le détruire. C’est le choc de deux réprouvés.
Danc cette confrontation mortelle, entre désir et combat, qui sera la proie de l’autre ? »

Thierry brun a sû décrire avec beaucoup d’efficacité l’univers de Béatrice, cette femme flic infiltrée , notamment deux , trois scènes dans son appartement qui sont particulièrement haletantes ; on y croit , on est dedans car la description qui y est faite à chaque fois est dynamique, surprenante, la tension est palpable !

Il a su également transcrire les mots de cette mafia omniprésente dans son roman …, c’est réellement comme cela que la mafia doit s’exprimer , en tout cas on imagine leurs mots tels quels.

Des scènes très efficaces dans ce thriller, oui on peut parler de scènes car très souvent je me suis crue dans le scénario d’un film sur grand écran ..il y aurait de quoi faire !

J’ai trouvé une très grande puissance dans certains passages du roman .

Des paragraphes entiers sont très travaillés …on dirait parfois de la prose poétique (chapitre 8 , 2ème paragraphe ; dernier paragraphe du chapitre 9 ; !)

Les personnages sont bien présents , on les connaît bien , on cerne peu à peu leur humeur, leur caractère ; parfois l’auteur saute peut-être de l’un à l’autre avec un peu trop de rapidité et du coup , sur un premier tiers de roman , on s’y perd un peu dans les personnages ..mais peut-être que c’est voulu , que c’est pour nous donner ce vertige constant que l’on ressent dans l’esprit des personnages principaux !

Il ne faut pas oublier la part forte qui est faite à la sensualité dans ce roman …une sensualité très présente même dans des moments où on ne l’y attend pas du tout ; en effet on la retrouve dans de grands moments de tensions !
Ce livre est emprunt de sensualité mais il faut aussi compter sur une sacrée dose de testostérone ; c’est un thriller musclé que je conseillerai à de nombreux hommes , qui devraient être séduits par l’histoire et l’univers de la mafia.

Quelques petites incohérences ou peut être aussi le choix de l’auteur , au chapitre 10 , où le roman aurait pu se terminer là mais on part finalement sur une autre voie ; la mafia nous laisse une chance de continuer sur une autre route ;-) .
L’auteur nous emmène sur des routes sinueuses et surtout prend des chemins de traverse et n’hésite pas à se retourner pour emprunter d’autres sentiers ; il est à l’écoute de ses personnages ; il sait qu’ils ne sont pas d’une seule couleur mais il cherche les ombres , les lumières aussi !

Quelques chapitres en huit clos où l’action n’est pas la priorité mais on lui pardonne très vite car après une centaine de pages , on est tout près des personnages , qui ont été étudiées avec précisions et malgré un univers très éloigné de notre quotidien ,on veut en savoir plus et on ne lâche plus le thriller ; et cela , pour moi, c’est le meilleur signe de réussite !

Un roman que je qualifierais de novateur et d’électrique , avec de très bonnes décharges notamment (mais pas seulement ! )lorsque les personnages principaux sont ensembles .Un roman et un auteur à découvrir et à apprécier.

Quelques brefs passages illustratifs :

« La gamine venait de retourner l’insulte .Important.combative et intelligente. La,pote demeurait ouverte. Le vieux gangster apprécia en connaisseur. Autrefois, il jouissait de ces moments de pure folie, quitte ou double , les tripes sur le tapis. Du cash , de l’adrénaline jusque dans le fondement , à vous blanchir l’estomac. »

« Connaissez vous la « Moïra », cette sorte de fatalité, cette loi qui impose à chacun une part de bien et de mal , de vie et de mort , qu’il est du devoir de tout individu de respecter ? La transgresser est commettre une faute fondamentale . »

« Béatrice crapahuta d’emblée comme si cette terre lui appartenait . Les traits durs, le regard acéré , elle empoignait avec fermeté une valise en cuir . »

« Une voie crevassée par les hivers, courait à flanc sur plus de 10 kilomètres . Ce n’était que broussailles et rocs, ronces et poussière.Ici , quand il pleuvait, des torrents se formaient, charriant bois mort et paquets de boue qui noyaient tout sur son passage. »