Un parfum de Taj Mahal, roman
EAN13
9782213635163
ISBN
978-2-213-63516-3
Éditeur
Fayard
Date de publication
Collection
Littérature française
Nombre de pages
352
Dimensions
23,5 x 15,3 cm
Poids
477 g
Langue
français
Code dewey
843

Un parfum de Taj Mahal

roman

De

Fayard

Littérature française

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CHAPITRE PREMIER?>Le départ?>– Sanjana Banu! Ces grondements au loin! Ces coups de tonnerre! Ce fracas! Serait-ce l'océan en train de se déchaîner ? demanda Tara, inquiète.Devant l'embarras de la princesse Sanjana, bien en peine de répondre, Emilian, leur ami apothicaire, intervint.– J'ai peur qu'il ne s'agisse plutôt d'une canonnade. Quelque navire marchand mis à mal par des forbans ou par des galions portugais.Debout sur les marches de l'embarcadère, à Surat, au lieu-dit Owara, tous trois s'apprêtaient à monter à bord d'une pinasse hollandaise. Cette modeste embarcation devait descendre la Tapti sur cinq lieues afin de gagner le large où mouillait la Cathelijn. Une délégation d'agents et de coolies de la factorerie néerlandaise surveillait avec grand soin le chargement d'une montagne de sacs de poivre – marchandise plus précieuse que l'or – que les portefaix déposaient dans la pinasse. Alertés eux aussi par le grondement lointain de l'artillerie, les agents se consultèrent du regard :– Arrêtez! Déchargez la pinasse! Rentrez la cargaison à l'abri dans l'entrepôt. Je pars en éclaireur, seul, déclara l'un des Hollandais.Il leva les yeux vers le ciel en joignant les mains avant d'ajouter plus bas.– Le malheur se serait-il abattu sur notre Cathelijn! Attendez-moi ici.– Non ! Pas question de nous laisser, rétorqua Tara. Et nous aussi nous voulons savoir : nous partons avec vous.Sans tenir compte du grognement réprobateur de l'agent, la jeune Indienne, impatiente de gagner le navire qui devait l'emmener en France, avait bondi derrière lui. Sanjana et Emilian lui emboîtèrent le pas et sautèrent à leur tour dans la petite embarcation.– Il souffle une bonne brise aujourd'hui, affirma le maître des matelots en carguant la voile. Avec un peu de chance, nous arriverons avant le coucher du soleil.En fait de bonne brise, c'est un aquilon déchaîné qui agitait la Tapti, créant des vagues aussi hautes qu'un homme. Elles soulevaient la pinasse avant de la laisser retomber violemment dans un nuage d'écume, tandis qu'au loin le son du canon se faisait de plus en plus sévère.Pour juguler sa peur et ses nausées, Sanjana revivait en pensée les péripéties qui l'avaient conduite là, sur les rivages occidentaux de l'Inde, en partance pour le royaume de France, pays de ses défunts maris. Née princesse rajpoute, veuve d'un grand artiste français, Augustin Hiriart de Bordeaux1, elle avait épousé en secondes noces Charles de Maillebois2, français lui aussi, officier de l'armée moghole, mort au combat devant Kandahar. À moins de trente ans, elle avait conservé toute sa beauté et sa fraîcheur de jeune fille. Pourtant, la vie ne lui avait guère souri, car son fils était décédé en bas âge, la laissant seule avec deux filles adoptives : Tara, enfant naturelle d'Augustin de Bordeaux, et Fleur de Lune, sourde et muette de naissance. Tara avait appris à parler français auprès de Charles de Maillebois et incité Sanjana à faire de même. Cette dernière s'était mise en devoir de la marier, mais Tara n'avait montré aucun penchant pour la vie matrimoniale. Au contraire, elle nourrissait un dessein d'envergure : s'embarquer pour la France, le pays de ses ancêtres. Elle rêvait d'y exercer la sculpture, un art pour lequel elle avait su montrer du génie sur le chantier du Taj Mahal, mais que la tradition indienne réservait aux hommes. Sanjana avait accepté de l'accompagner. Mais elle avait fait plus encore. L'empereur moghol, Shah Jahan, devait donner son accord pour ce voyage et délivrer aux deux femmes un sauf-conduit, nanti du précieux cachet impérial.Sanjana s'était tout naturellement tournée vers son amie de toujours, Jahanara, fille aînée de l'empereur Shah Jahan.– Accompagne-moi au prochain Mina Bazar, Didi, et essaye de te faire remarquer par mon père.Le Mina Bazar était un marché qui se déroulait dans l'enceinte du Fort rouge d'Agra et où les étalages étaient tenus exclusivement par des femmes. Chacun savait que l'empereur le visitait moins pour y acheter des étoffes et des bijoux que pour y rencontrer les femmes et les filles de la noblesse qui, selon son bon vouloir, pourraient venir agrémenter les plaisirs de ses nuits.Sanjana, autrefois suivante de sa défunte épouse Mumtaz, n'était pas une inconnue pour l'empereur. Il ne manqua pas de la reconnaître, assise auprès d'un étal de soieries, de poupées et de sitars.
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