On the Brinks, roman

Sam MILLAR

Seuil

  • Conseillé par
    14 juin 2014

    casse du siècle, Irlande du Nord, prison

    Une vie pas banale, voilà ce que je me suis dit en refermant ce livre. Et pourtant, Sam est un homme comme les autres, avec ses faiblesses, aussi, et sa passion pour les personnages Marvel (Hulk, notament).

    Car dans ses pages, l'auteur raconte sa vie. Mais pas toute, c'est ce qui m'a intrigué.

    D'abord son incarcération en Irlande du Nord. Sam (permettez que je vous appelle Sam ?) est emprisonné dans la plus dure prison de ce petit bout d'île sous Tatcher (on se doute que ça ne va pas être une sinécure). Mais jamais l'auteur n'explique pourquoi. A-t-il vraiment fait partie de l'IRA ? Mystère....

    Je vous passe les détails de la Rébellion dans la prison avec excréments sur les murs, tabassages et autres joyeusetés, vous lirez.

    Et puis, installé aux Etats-Unis, on apprend au détour d'une page que Sam s'est marié et a des enfants. A bon ?!

    En revanche, le casse de la Brinks de Rochester nous est raconté en détail. Que de failles de sécurité à la Brinks !

    Et puis, près de 5 millions de dollars disparaissent dans la nature..... Rocambolesque !

    Les prisons américaines ont elles aussi leur "traitement spécial" : la Diesel Therapy, tout un programme.

    Sans avoir rien demandé, Sam retournera finir sa peine en Irlande. Et que fait-il depuis sa libération ? Il écrit des livres.

    L'image que je retiendrai :

    Celle de la Rébellion des Blanket Men : nus sous une couverture dans une cellule tapissée d'excréments. En plein été : un bonheur olfactif. La force de l'auteur est de nous le faire vivre "de l'intérieur", ce qui fait que l'on ne peut pas lâcher ce livre.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2014/06/10/29754296.html


  • Conseillé par
    4 mars 2013

    Tiocfaidh ár lá *

    Sam Millar, sa vie, son œuvre, ici sa vie surtout d'enfant pauvre de Belfast à la consécration littéraire, avec le statut d'un des auteurs des plus controversés d'Irlande.
    Une enfance pas des plus réjouissantes, entre une mère que la solitude ronge et qui noie son désespoir dans l'alcool, un père marin au commerce peu présent. Et déjà la discrimination et le communautarisme dans la famille avec une branche protestante.
    Quelques petits boulots dont celui aux abattoirs (voir Redemption Factory), la mort à 17 ans de son ami, Jim Kerr, abattu par un loyaliste, puis la condamnation, aussi à l'âge de 17 ans à trois ans de prison pour "Appartenance à un groupe illégal"!
    Commence alors un séjour à la prison de Long Kesh dans les "H Blocks" de sinistre réputation.


    L'état anglais veut imposer aux membres de l'IRA emprisonnés le port de l’uniforme des prisonniers de droit commun, alors qu'ils sont des prisonniers politiques. Commence alors pour Sam et beaucoup d'autres ce qu'ils nomment "La Rébellion", la gréve de l'hygiène, le mouvement des "Blanket Men", puis les grèves de la faim qui entraîneront la mort de Bobby Sands et de neuf autres républicains irlandais.
    On a de la peine à se dire que cet épisode de l'histoire se soit passé à même pas deux heures d'avion de Paris, dans un pays qui se veut un modèle de démocratie et chose encore plus choquante dans une espèce d'indifférence de l'Europe. Pragmatisme politique oblige!
    Car le bras de fer entre l'administration britannique et les prisonniers républicains fut long et douloureux pour ces derniers.
    Ce que Sam explique parfaitement dans ces quelques lignes :
    - J'étais loin de me douter qu'aucun d'entre nous ne rentrerait vraiment chez lui. Nous avions cuit dans une fournaise. Nous avions changé. Complètement et pour toujours. Nous ne serions plus jamais les mêmes. Dans nos têtes, nous étions foutus pour toujours.
    Est-il possible après avoir vécu cet enfer pendant huit ans de se reconstruire?
    Direction New-York pour tenter de sauver ce qui est encore sauvable dans la vie d'un homme!
    Une fausse identité pour oublier?
    Un début de séjour calme, travail dans un casino, beaucoup d'argent brassé, un ami qui bien entendu vous veut du bien ! Un casse presque parfait, trop énorme pour que les victimes oublient ; la prime offerte atteint des sommes faramineuses, et la police est sur les dents.
    Et donc retour à la case prison.....et une amère constatation, l'argent est la seule chose capable de corrompre tout ce qu'il touche !
    Sam, bien sûr, est le narrateur et personnage principal de ce récit, que dire si ce n'est qu'admirer la force de caractère et la volonté farouche de ne pas céder malgré les coups et les humiliations. Jusqu'où un homme peut-il aller pour défendre ses idées et un attachement exacerbé à son pays ? Très loin semble-t-il! Jusqu'à écrire plusieurs centaines de lettres au pape pour défendre la cause des prisonniers politiques d'Irlande du Nord!
    Des personnages connus, une certaine "Dame de fer", fer blanc c'est facile d'être dur pour ne pas dire inhumaine dans un bureau, entourée de gardes du corps...mais l'échéance est proche enfin!
    Des hommes politiques ou des ecclésiastiques, peu sont décrits sous un jour sympathique, même les leaders du Seinn Fein, et cela est relativement surprenant ! Quant à l'église catholique ses prises de positions contre les membres de l'IRA et sa mansuétude envers le pouvoir en place ne trouvent guère de crédit parmi les détenus réclamant le statut de prisonniers politiques.
    Un grand merci, Sam et toute la famille te donne rendez-vous bientôt, à toi et à Bernie à Penmarc'h pour le festival du Goéland masqué.
    * Notre jour viendra.