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24 février 2013

Pascal Bruckner : la tyrannie de la pénitence

Romancier et essayiste français, Pascal Bruckner est un homme de culture investi qui aime transmettre. Généreux dans ses écrits, il apparaît souvent critique. Il a, dans cet ouvrage encore, à cœur de démontrer une réalité qui, si elle peut être contestée assez aisément, pousse à une réflexion sur notre monde, ses époques, son évolution, son cheminement, ses erreurs…
Le titre lui-même est assez révélateur du chemin que souhaite emprunter notre auteur, de la réflexion qu’il veut nous faire mener. L’intitulé « La Tyrannie de la pénitence, Essai sur le masochisme occidental » : dur, sombre, critique négative de ce qui semble relever du comportement occidental. Le couperet est tombé, le jugement semble sans appel : les occidentaux souffrent de masochisme. Revenons donc à la base : qu’est ce que le masochisme ? « La recherche du plaisir dans la douleur " semble-t-il…
Scepticisme oblige aux prémisses même de l’ouverture de ce livre. Notre auteur cherche de toute évidence à nous forcer à prendre position dès le début. Suis-je pour ou contre cette idée qui semble reçue ? Ai-je envie de poursuivre ? Et bien, une réponse s’impose : OUI. A la provocation, il faut rétorquer. C’est alors que le lecteur comprend mot après mot, idée après idée, une véritable mise en forme théorique… pour nous conduire à l’idée que l’Europe, À trop s’excuser des actions menées, s’enferme dans un repentir dépourvu de sens ; un repentir à sens unique qui n’examine jamais les actes des autres et met ainsi en avant une certaine supériorité traduite de l’idée que seule l’Europe, elle, peut fauter et a la grandeur d’âme de reconnaitre ses erreurs. Deux « ennemis » apparaissent donc très clairement dans cette sérénade : Israël et les Etats Unis, entendus comme les deux nations avec lesquels l’Europe entretient des rapports ambigus. Bruckner poursuit ensuite avec une critique du multiculturalisme et démonte un à un les relais de l’histoire à travers lesquels cette dernière trouve le plus souvent sa justification : la culpabilité car « La culpabilité nous arrange, elle constitue l’alibi de notre abdication ».
Maupassant pourrait dire à Pascal Bruckner: « la vraie peur c’est quelque chose comme une réminiscence des terreurs fantastiques d’autrefois »… Néanmoins, écrivain de conviction, la plume de Bruckner est surprenante et obtiendra sans doute l’adhésion de son lecteur, même le plus septique.

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24 février 2013

Michel Ondray, le freudisme à la dynamite

L’anti-freudisme peut-il faire une philosophie ? C’est la question que se pose le lecteur patient, en achevant l’ouvrage de plus de 500 pages "Le crépuscule d’une Idole : l’affabulation freudienne".
En effet, Onfray, fondateur de l’Université populaire de Caen et grand défenseur du nietzschéisme, se livre à une attaque en règle contre la « pensée » freudienne. Les charges, car il s’agit bien d’un procès, dans lequel Onfray s’auto-institue juge et partie, sont violentes :
- Freud n’est qu’un pilleur de concepts philosophiques (lesquels prennent leur source chez Schopenhauer, Nietzsche ou encore Leibniz)
- Freud, qui se prend pour un scientifique, n’est qu’un philosophe (ce qui pour Freud relevait de l’insulte)
- L’homme Freud est un être narcissique, qui se croit l’égal de Darwin et de Copernic
- sa prétendue « découverte » de la psychanalyse n’est en réalité qu’une « invention » ne servant qu’à psychanalyser Freud lui-même : « La psychanalyse […] est une discipline vraie et juste tant qu’elle ne concerne que Freud et personne d’autre »
Au-delà de cette tentative de destruction de l’icône Freud, dont la méthode tant à remplacer la confession dans les sociétés modernes, il faut s’interroger sur les motivations d’Onfray : n’est-ce pas pour sauver Nietzsche, et donc lui-même, qu’Onfray cherche à détruire la pensée du fondateur de la théorie psychanalytique ? Onfray semble assumer ceci, parlant de son essai comme d’une « psychobiographie nietzschéenne de Freud »
Prétendument critique, la position qu’est celle d’Onfray est attendue au tournant : entre satisfaction et manque de dynamisme malgré tout, le lecteur restera sans doute sur sa fin. Il doit donc d’urgence se tourner vers les autres ouvrages de Michel Onfray.

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22 octobre 2012

Leçon aux hommes

Julia Domna, Novella, Thémiste, Ocello, Arria… Avez-vous déjà entendu parler d’elles ? Reines d’un autre temps ou bien « contemporaines » ? Sont-elles juste issues d’une imagination, celle de notre auteur, ou bien sont-elles de chair et de sang ? Une réponse claire à cette question : elles ont bel et bien existé. Certes Inconnues de tous ou presque, pour certaines tout du moins, ce sont de véritables esprits érudits que nous fait découvrir Gilles Ménage, auteur du XVIIème siècle. Et nous qui pensions que philosophie allait de pair avec gente masculine. Et bien nous nous trompions. Certaines femmes se sont illustrées en la matière portant des principes, des valeurs, des idées et cela remonte à l’Antiquité : saviez vous, par exemple, que Socrate a tout appris d’une femme, Diotime, sur l’amour ?


Prendre le temps de s’interroger et parfois même de comprendre : voilà ce que font nos philosophes féminines ici décrites. Réfléch.ir pour mieux saisir. Le sens des choses nous échappent souvent. Elles se sont attachées aux cours des siècles à effleurer les problématiques pour mieux les élever, les mettre à nu.

Notre méconnaissance de ces écrits s’explique par des traductions tardives du latin et du grec, sans doute aussi en raison de la domination masculine. Il faut relever avec ces quelques lignes qui leurs sont consacrées qu’elles ont existé au cours des siècles. Elles ont laissé une empreinte qu’il convient de découvrir. Des idées qui sont parfois abordées d’un autre point de vue, sans être nouvelles, nous permettent d’avoir une approche parfois moins cartésienne, à l’image de leur féminité.

Rafraîchissante et ludique, cette anthologie de la pensée féminine a de quoi en remontrer aux hommes qui pensent détenir le monopole de la philosophie.

essai sur la signification du comique

Presses universitaires de France

5,99
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22 octobre 2012

Le rire, analyse fonctionnaliste du comique

Aristote le Stagirite posait déjà dans son œuvre Partie des Animaux, au VIème sièle avant notre ère, que « l'homme est le seul animal qui ait la faculté de rire ». Plus tard à la Renaissance, Rabelais partagera cette thèse spéciste dans Gargantua. C’est à partir de ce postulat que Henri Bergson, philosophe vitaliste du XXème, fonde Le Rire.
Le Rire est une œuvre étrange, quelque peu baroque au sein de sa philosophie. Sérieuse, malgré son titre, elle détonne au regard de l’Evolution Créatrice, de son Essai sur les données immédiates de la conscience ou de Matière et Mémoire, livres lourds et dont la complexité ne se dément pas. Le Rire, lui, sort du système philosophique vitaliste.
Que signifie le rire ? Henri Bergson commence son travail par la plus simple des questions.

Pour y répondre, Bergson pose trois prémisses :
- Le rire est nécessairement humain : nous rions des personnes ou des choses qu'elles font, jamais des objets
- Le rire est cérébral : être capable de rire exige une attitude détachée, une distance émotionnelle par rapport à l'objet qui déclenche le rire
- Le rire est social : « Pour comprendre le rire, il nous faut le remettre dans son environnement naturel, qui est la société, et surtout, nous devons déterminer son utilité, qui est sociale. Telle sera l'idée directrice de toutes nos investigations. Le rire doit répondre à certaines exigences de la vie en commun. Il doit avoir une signification sociale »
Bergson ne veut pas donner une explication psychologique ou psychanalytique au rire. Bergson défend une vision fonctionnaliste de ce phénomène : le rire est un «geste social », qui vise à contrecarrer nos tendances antisociales et nous invitent à rire d'elles, afin de les corriger. Nous rions des gens quand ils se comportent d'une manière qui donne l'apparence d'un simple mécanisme. Nous attendons des gens un certain comportement. Quand quelqu'un déçoit cette attente, on rit de lui. Le rire sonne comme un rappel à l'ordre social : " Sa fonction est d'intimider en humiliant."
D'un point de vue éthique, le rire n'est pas innocent. Les critères qu'il utilise pour choisir ses victimes ne sont pas des critères moraux. Le rire est « tout simplement le résultat d'un mécanisme mis en place en nous par la nature ou, ce qui est presque la même chose, par notre connaissance de la vie sociale. Il n'a pas le temps de regarder où il frappe ». Et parfois, les coups qu'il porte peuvent être douloureux.
Il est donc important de lire ou de relire cette œuvre sociologico-philosophique, en ce qu’elle nous donne des clés importantes pour penser nos relations à autrui.