• Conseillé par
    20 mai 2017

    A Libreville, au Gabon, Jean-Marc Ossavou est lieutenant à la Sûreté urbaine. S'il a choisi de faire carrière dans la police, c'est pour venger sa mère et sa petite sœur, mortes percutées par une voiture dont le conducteur n'a jamais été puni parce qu'il était fils de ministre. Hanté toutes les nuits par le meurtrier qu'il ne réussit pas à tuer, il se console en aidant les victimes à prendre leur revanche sur leur bourreau.
    Une nuit, alors qu'il roule dans les rues de la ville, il rencontre la belle Svetlana qu'il ramène chez elle pour lui éviter des ennuis. Ses tentatives de drague reste vaine mais il apprend qu'elle vient de quitter son travail au casino La Roulette et connaît son adresse. Le lendemain, quand il décide de retenter sa chance, il découvre avec stupeur que Svetlana n'existe pas. Ou plutôt, qu'elle n'existe plus, assassinée il y a déjà deux ans de cela alors qu'elle rentrait du travail au petit matin. Jean-Marc a vu un fantôme ! Et ce n'est pas un hasard, selon lui. La jeune femme réclame vengeance et le policier décide de rouvrir l'enquête qui a été classée sans suite par la gendarmerie.

    Grosse déception que ce dernier opus de Janis Otsiemi. Au rang des points positifs, on peut citer le dépaysement et les quelques expressions gabonaises qui parsèment le récit. Et c'est tout. Où est passée la verve de l'auteur ? Sa langue riche, colorée, imagée ? Le style, ici, est plat, scolaire, tout juste digne d'une (mauvaise) rédaction de collégien. Que de répétitions, de platitudes, de phrases trop simples ! L'intrigue est du même acabit, linéaire, sans surprises, expédiée à un train d'enfer, sans approfondissement, ni des personnages, ni des situations. Rien de nouveau sous le soleil de Libreville : corruption, passe-droits, pots-de-vin et présence de français peu recommandables qui traficotent et arrosent les autorités pour avoir la paix. En plus, il faut se coltiner une fille-fantôme qui monte en voiture, papote, rentre chez elle, le plus naturellement du monde. Comme c'est la base de l'intrigue, c'est un peu léger. D'autant que personne ne semble s'en offusquer, tout juste évoque-t-on un possible dé-maraboutage...
    Bref, il y a tromperie sur la marchandise. Le policier étant présenté comme un ''Dexter à la mode gabonaise'', on peut se poser des questions sur la perspicacité des rédacteurs de la quatrième de couverture. Otsiemi est capable de faire beaucoup mieux, là, il a raté son coup en cédant à la facilité.


  • Conseillé par
    3 mai 2017

    J'ai lu deux romans de Janis Otsiemi, l'écrivain de polars gabonnais : La bouche qui mange ne parle pas et Les voleurs de sexe. Tous les deux très bons, dépaysants et noirs, très noirs. C'est sans doute parce que j'ai cet excellent souvenir de ces deux lectures que ma déception est assez forte. Le moins que je puisse dire, c'est que Janis Otsiemi ne s'est pas foulé. Il se répète beaucoup, tant dans la description de son intrigue que Jean-Marc explique de nombreuses fois aux divers intervenants que dans ses déambulations nocturnes dans les restaurants et cafés de Libreville. Le roman n'est pas désagréable, certes non, mais il manque de tonus, de liant. Il n'est pas passionnant et même la langue de l'auteur parfois si fleurie est nettement plus morne, comme s'il avait voulu, en passant chez un plus grand éditeur se faire plus consensuel et plaire au plus grand nombre. L'intrigue n'est pas particulièrement fine et surprenante non plus. Décevant, parce que le Janis Otsiemi que j'aime, c'est celui qui ose dire tout ce que ne va pas dans son pays, pas quelques lignes égarées dans son roman, mais plutôt un contexte fort présent -là, la corruption est oubliée et les relations troubles entre politiques et malfrats évoquées certes, mais assez tardivement et brièvement. Décevant aussi parce que je ne retrouve pas son verbe haut et coloré, ses personnages forts en gueule au langage imagé, argotique.

    Voilà, c'est dit, je suis désolé de dire des trucs pas sympas sur le livre d'un romancier que j'aime bien, mais j'espère que le prochain saura me plaire davantage. Néanmoins, je répète que ce polar est tout à fait fréquentable, il remplit très bien son rôle de divertissement, je le trouve juste un peu inodore, fade...